maître par J. Muller, — Il faut, pour la netteté des images, que chaque point lumineux extérieur donne lieu à une impression unique. On comprend facilement que, si trois lumières différentes, par exemple, éclairent une même cavité, toutes les parties recevront à la fois les trois lumières, et il en résultera une impression confuse. Le problème comportait trois solutions : l’une consistant à faire passer tous les rayons lumineux par une ouverture très petite, comme dans notre chambre noire ; l’autre à dresser perpendiculairement à la surface et en grand nombre des cônes ne laissant passer la lumière que suivant leur axe ; la troisième enfin à recourir aux propriétés des milieux réfringens pour concentrer en un point unique tous les rayons émanant d’une source lumineuse, comme nous le faisons pour nos lunettes et nos appareils photographiques. Dans la nature, on ne rencontre point d’exemple de la première solution, qui n’aurait vraisemblablement pas amené sur la surface nerveuse une quantité de lumière suffisante. Mais les deux autres sont largement représentées, la seconde par les yeux composés des insectes et animaux inférieurs, la troisième par les yeux simples, à milieux réfringens, des vertébrés.
Comme le fait très bien remarquer J. Muller, les deux solutions ont chacune leurs avantages particuliers, et l’on ne peut pas dire que l’une d’elles soit absolument supérieure à l’autre. Les yeux composés des insectes, par exemple, leur permettent de voir distinctement à toute distance sans modification de l’appareil oculaire interne. Dans nos yeux à milieux réfringens, au contraire, il est nécessaire que ces milieux modifient leur courbure suivant la distance, de façon que le foyer lumineux vienne se faire sur la rétine.
Examinons de plus près cette troisième solution, la plus intéressante pour nous. Les milieux réfringens sont la cornée, qui est invariable, et le cristallin, dont la courbure se modifie. La rétine, ou réseau d’épanouissement du nerf optique, se compose d’élémens superficiels, très petits, appelés élémens rétiniens, sur chacun desquels un nombre quelconque de points lumineux tombant ne donnent lieu qu’à une sensation lumineuse unique. C’est l’équivalent, en beaucoup plus petit, de l’élément de la peau sur lequel deux pointes de compas très rapprochées ne produisent aussi qu’une seule sensation tactile. Il y a une région de la rétine, la tache jaune, la plus sensible de toutes à la lumière et dont le point central porte le nom de fovea centralis ; il y en a une autre, le punctum cœcum, complètement insensible aux rayons lumineux. La rétine et les milieux réfringens sont renfermés dans une cavité tapissée d’une membrane noire, la choroïde, percée