On s’était demandé si la session d’août des conseils généraux ressemblerait à celle d’avril, et si nos assemblées départementales, se faisant l’organe d’une opinion dominante dans le pays, exprimeraient un avis quelconque sur les projets de réforme fiscale déposés par le gouvernement. Il n’en a rien été. Les conseils généraux se sont confinés à peu près exclusivement dans les affaires départementales. À peine quelques-uns d’entre eux ont-ils émis des vœux, soit pour, soit contre l’impôt sur la rente. Il y avait d’ailleurs un excellent motif pour que la question ne soulevât aucune passion ; c’est qu’on la regarde généralement comme écartée, sinon comme résolue. L’ancien ministère avait présenté un projet d’impôt sur le revenu, et ce projet ayant rencontré dans la Chambre des résistances très vives, M. Bourgeois, M. Doumer, M. Sarrien avaient jugé opportun de provoquer à ce sujet une sorte de consultation des conseils généraux. Ils espéraient évidemment que cette consultation leur serait favorable ; on sait à quelle majorité écrasante elle leur a été contraire. Mais aujourd’hui, il n’en est plus de même. Bien qu’il ne l’ait pas dit formellement, tout le monde est convaincu que le ministère Méline a fait, à part soi, le sacrifice de l’impôt sur la rente. Il ne cherche pas dans le pays un appui contre la Chambre. Il n’a pas demandé leur avis aux assemblées locales. Celles-ci se sont dispensées de le donner, et leur session n’a présenté aucun caractère qui mérite d’être relevé. Dans certains départemens agricoles, des vœux ont été émis en faveur, soit du monopole de l’alcool, soit d’une augmentation considérable des droits qui pèsent sur ce liquide : on trouverait là des ressources considérables qui permettraient d’opérer un large dégrèvement au profit de l’agriculture. Peut-être y a-t-il beaucoup d’illusions en tout cela. Les partisans du monopole de l’alcool n’ont pas toujours mesuré toutes les difficultés qu’il y aurait à l’établir. Les partisans d’une surtaxe très élevée n’ont pas encore trouvé un moyen sûr de prévenir la fraude, déjà si considérable, mais qui le deviendrait encore davantage lorsqu’elle produirait un bénéfice plus grand. Quoi qu’il en soit, la campagne contre l’alcool a été habilement menée dans la presse, et la question est aujourd’hui posée. L’échec de