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connaissable. La loi scolaire, qui était décentralisatrice et conservatrice dans le sens français du mot, a échoué devant la Chambre des communes. La loi agraire irlandaise a rencontré, au contraire, les épreuves les plus redoutables pour elle dans la Chambre des lords. Il est vrai qu’elle y a été soutenue par le gouvernement d’une manière assez molle ; on a reproché au marquis de Salisbury d’avoir presque paru s’en désintéresser. L’autorité personnelle dont il dispose auprès de ses collègues de la Chambre haute aurait certainement suffi à vaincre toutes les résistances s’il avait voulu en user : du moins, elle n’a pas été amoindrie.

Il n’en est pas tout à fait de même de l’autorité du Premier Lord de la Trésorerie à la Chambre des communes. C’était la première session où M. Balfour exerçait ses fonctions de leader, et il faut convenir qu’il ne l’a pas fait d’une manière très heureuse. Il a été l’objet d’attaques très vives, venues des côtés les plus différens, et auxquelles il était peu préparé, car tout lui avait réussi jusqu’à ce jour, et son mérite incontestable avait été constamment aidé par une bonne fortune sans interruption. Peut-être a-t-on été autrefois trop prompt à admirer M. Balfour, et peut-être est-on aujourd’hui trop enclin à le dénigrer. On lui reproche d’avoir mal préparé le programme de la session ; on l’accuse de n’avoir pas tenu la main, avec assez de vigilance et de vigueur, à ce qu’il fût pleinement exécuté. Incontestablement, le projet scolaire avait été l’objet d’une préparation insuffisante. Il était très long, un peu diffus, et prêtait le flanc à des objections si nombreuses que, dès le premier moment, treize cents amendemens ont été déposés contre lui ! Que vouliez-vous qu’il fît contre treize cents amendemens ? Son tort principal était de ne satisfaire absolument personne, ni les libéraux qu’il avait exaspérés, ni les conservateurs. Le but principal du projet était de remettre de plus en plus la direction des établissemens primaires entre les mains des autorités locales, d’assurer aux écoles volontaires ou libres une part plus considérable dans la répartition des subsides de l’État, enfin et surtout d’introduire dans tous ces établissemens, ou dans presque tous, l’enseignement confessionnel. On sait que les écoles primaires anglaises se divisent en deux catégories. Les écoles volontaires, qui correspondent à peu près à nos écoles libres, y sont au nombre de 11 834, où l’enseignement religieux de l’Église d’Angleterre, l’enseignement religieux officiel est donné à 1 854 000 élèves. Les écoles catholiques, également volontaires et libres, et aux yeux de la loi sur le même pied que les autres, sont au nombre de 994 avec 231 000 enfans. Enfin 1 672 écoles volontaires appartiennent aux diverses sectes protestantes indépendantes de l’Église officielle ; quelques-unes sont entièrement laïques. A côté des écoles libres sont les « bureaux scolaires » institués par l’État, et administrés par des « conseils scolaires », assemblées