tations et de fausses manœuvres, ont permis, par exemple, de conduire l’affaire crétoise à bonne fin. En d’autres termes, il faut confier aux consuls des grandes puissances, sous la haute direction des ambassadeurs à Constantinople, la surveillance des réformes, de manière à en assurer la pleine et constante exécution. N’est-ce pas, en effet, grâce aux consuls de l’Europe à la Canée et à ses ambassadeurs à Constantinople que la question crétoise a été résolue au moment même où elle paraissait le plus irrémédiablement embrouillée ?
Les journaux ont raconté que le consul de France avait eu au moment décisif un rôle particulièrement opportun et utile, et le fait n’a pas été contesté. On reproche quelquefois, et non pas toujours sans raison, à notre ministère des Affaires étrangères la mobilité qu’il imprime à ses agens ; il les change trop souvent de poste ; il les envoie indifféremment de l’un à l’autre sans souci suffisant des spécialités acquises et éprouvées. En tout cas, cette critique ne s’applique pas à M. Blanc, notre consul à la Canée. Il occupe le même poste depuis dix années déjà, et il faut souhaiter qu’en lui donnant sur place toutes les satisfactions qu’il mérite, on l’y laisse assez longtemps encore. Il connaît à fond toutes les affaires de Crète ; il est familier avec les choses et avec les hommes ; il a su inspirer confiance à tout le monde, en y comprenant ses collègues, ce qui lui a permis de rendre, dans les dernières circonstances, des services particulièrement importuns. Il s’est montré un bon serviteur de la cause européenne. Diverses propositions avaient été faites en vue de régler la question crétoise ; la plus connue est le blocus imaginé par le comte Goluchowski ; aucune n’avait été acceptée, et la situation se compliquait et s’obscurcissait de jour en jour davantage. C’est alors que M. Hanotaux a eu l’idée toute simple de laisser aux ambassadeurs à Constantinople le soin de se mettre d’accord sur le programme de réformes à présenter à la Porte, et ceux-ci ont eu l’idée non moins sensée de prendre pour canevas de leurs travaux les suggestions qui avaient été déjà faites par les consuls à la Canée ; notamment par le nôtre. Il y avait, en effet, beaucoup à parier que les consuls à la Canée sauraient mieux que personne, pour peu qu’ils fussent doués d’intelligence et de tact, de quelles concessions les Crétois se contenteraient finalement, et que les ambassadeurs à Constantinople ne sauraient pas avec moins d’exactitude jusqu’à quel point pourraient aller celles de la Porte. Rien ne vaut l’expérience des hommes du métier lorsqu’ils sont sur place, aux prises avec les difficultés, en rapport étroit avec les personnes. On n’a pas tardé à s’en apercevoir. L’entente qu’il avait été si difficile d’établir de chancellerie à chancellerie s’est produite presque aussitôt. Pour ne rien exagérer, il faut dire que la lassitude générale, le désir d’en finir, la crainte de complications plus étendues ont été pour quelque chose dans ce dénouement. N’importe : le procédé employé, bien qu’il ait, nous