qu’on recueille assurent pendant vingt-quatre heures la nourriture de douze à treize bêtes bovines, tandis qu’on en nourrit le double avec les drèches que laisse la production d’un hectolitre d’alcool provenant de la mise en œuvre des grains et des pommes de terre. L’Allemagne produit chaque année environ 3 millions d’hectolitres exclusivement avec des matières farineuses, et on conçoit qu’elle puisse entretenir plus de bêtes bovines et plus de porcs que nous ne le faisons en France.
Il ne faut pas oublier au reste que de l’un ou de l’autre côté du Rhin la production de l’alcool d’industrie est menacée, et peut-être à brève échéance, d’une terrible concurrence.
Il y a plus de trente ans que M. Berthelot a réalisé la synthèse de l’alcool en fixant les élémens de l’eau sur un carbure d’hydrogène qui existe dans le gaz de l’éclairage, sur l’éthylène ; à cette époque, la préparation de l’éthylène pur était encore difficile ; elle l’est moins aujourd’hui. On obtient ce gaz en unissant directement l’hydrogène et l’acétylène ; or M. Maquenne nous a enseigné récemment à préparer ce gaz en partant des carbures alcalino-terreux, et M. Moïssan a rendu cette fabrication industrielle en réalisant à très bas prix la préparation du carbure de calcium dans le four électrique.
Quand ces réactions passeront-elles du laboratoire à l’usine ? Nous l’ignorons ; mais ce jour-là, la fabrication de l’alcool d’industrie par fermentation aura vécu.
La betterave survivra cependant ; cultivée en lignes serrées sur de fortes fumures, elle fournit d’abondans alimens pour le bétail ; elle en fournit encore quand elle est conduite aux fabriques de sucre. Mais cette grande industrie exige une étude spéciale ; nous l’entreprendrons dans un prochain article.
P. -P. DEHERAIN.