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emmaillota l’enfant, et on le rapporta dans la chambre de la Dauphine pour qu’elle pût enfin le voir. Il fut ensuite procédé aux cérémonies de l’ondoiement. Le privilège d’ondoyer les princes nouveau-nés revenait au grand aumônier de France. Cette charge importante était occupée par le cardinal de Bouillon, qui ondoya le jeune prince, revêtu de l’étole, en camail et en rochet. La cérémonie eut lieu en présence du curé de Versailles, qui avait le droit, comme tous les curés de résidences royales, d’assister en étole aux baptêmes, mariages et autres sacremens qui s’administraient à la Cour. Par ses soins, l’acte de baptême fut transcrit sur le registre de la paroisse où il figure encore aujourd’hui. La cérémonie accomplie, le duc de Bourgogne fut remis à la gouvernante des enfans de France, la maréchale de la Mothe-Houdancourt, qui le reçut sur ses genoux et le transporta dans une chaise à porteurs jusqu’à l’appartement qui avait été préparé pour lui. Aussitôt qu’il y fut arrivé, le marquis de Seignelay, secrétaire d’Etat et trésorier de l’ordre du Saint-Esprit, lui apporta le cordon auquel les fils de France avaient droit dès leur naissance. Quelque temps après, arrivaient, par un nonce, des langes bénits que le pape envoyait pour le duc de Bourgogne. « C’était la coutume, dit Sourches, que les papes envoyaient des langes bénits aux enfans des rois ; mais on n’avait jamais vu d’exemple qu’ils en eussent envoyé aux fils des Dauphins, et cette nouveauté marquait la considération extraordinaire qu’on avait pour le Roi[1]. » On mettait probablement ces langes au petit prince, les jours de cérémonie. Une estampe du temps le représente ainsi, emmailloté dans un étroit berceau et portant le cordon du Saint-Esprit dont la croix pend sur ses petits pieds ref> Il existe à la Bibliothèque nationale, au cabinet des estampes, plusieurs gravures relatives à la première enfance du duc de Bourgogne. L’une entre autres le représente tétant, de fort bon appétit, une superbe nourrice; une autre, faisant ses premiers pas avec une promeneuse et soutenu avec des lisières. </ref>.

Le lendemain de ce grand événement, Versailles rentra dans l’étiquette. Le Roi avait dispensé les corps de l’État de venir, comme c’était l’usage et comme ils en avaient témoigné le désir, lui apporter leurs complimens. L’Académie française en particulier s’était distinguée par son empressement. Le Roi la fit remercier et l’invita à se tenir tranquille. Mais il ne put refuser audience aux ambassadeurs et ministres des souverains étrangers, qui avaient

  1. Mémoires de Sourches, t. I, p. 150.