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pas prévoir le bruit que devaient faire ses écrits sur l’algèbre.

« L’ensemble de toutes les déterminations possibles de l’espace est l’objet des mathématiques ; c’est même leur seul objet ; L’arithmétique ou l’ensemble de toutes les déterminations arithmétiques possibles, que s’attribuent les mathématiques, ne leur appartient qu’en tant que les conceptions et les déterminations sont susceptibles d’une construction dans l’espace. »

Les définitions sont libres, mais à la condition de définir quelque chose.

Le principe que Wronski a trouvé déjà, mais qu’il promet sans le faire connaître, doit porter en lui, il le déclare, le maximum de certitude. Tout scepticisme par rapport à ce qui est fondé sur ce principe doit être impossible.

Si cette promesse avait été donnée au début, elle aurait sans doute piqué la curiosité, mais Wronski, par son style étrange, avait perdu déjà la confiance de ses lecteurs. Dans la troisième livraison, on lit :

« Le caractère positif de la déterminabilité ne saurait être reconnu que par une conclusion infinie, c’est-à-dire par l’analyse des relations de tous les objets de nos connaissances, relations qui, vu le nombre indéfini des combinaisons possibles, constituent indéfinie la conclusion par analogie en question. »

On conçoit l’hésitation des lecteurs et la retraite des acheteurs.

Ce premier insuccès, sans décourager Wronski, le décida à changer de voie. La science tout entière pouvant se déduire du principe dont il se réservait le secret, peu importait l’ordre des révélations. Il voulut commencer par les mathématiques, pour y rattacher l’astronomie, la mécanique, la physique et la morale, et lorsque des résultats majeurs auraient imposé confiance, révéler les vérités éternelles et la philosophie absolue, en se dispensant de donner les preuves qui doivent rester cachées.

Wronski, en abordant les sujets les plus divers, ne raisonnait pas et ne déduisait pas, il voyait ! Si ses intuitions sont vraies, aucun génie n’a égalé le sien ; mais si elles le trompent, que reste-t-il ?

Après avoir médité sept ans, loin des applaudissemens des hommes, — c’est un sacrifice dont il se vante, — il appliqua sa méthode, et son mystérieux principe, aux théories les plus compliquées de l’algèbre, et présenta à l’Institut un mémoire sur l’algorithmie, mot nouveau, et fort inutile, que Lacroix cependant