moi que parce qu’il jugeait coupable le dessein de vouloir imposer ses vues personnelles au vicaire de Jésus-Christ ; son unique ambition était de le servir docilement, docilité qu’il a poussée jusqu’à accepter, devant ses contemporains et devant l’histoire, la responsabilité des actes qu’il s’était permis de déconseiller. C’est par la volonté propre, réfléchie, de Pie IX que s’engagea le conflit qui mit Victor-Emmanuel, déjà en hostilité latente avec ses « bons amis » les princes italiens, en lutte ouverte avec le chef de la catholicité.
Dans ce combat un encouragement, qui fut en même temps une force, vint au roi de celui-là même qui avait, en 1847, poussé les Italiens aux pieds de Pie IX.
Gioberti, démissionnaire de son ambassade, s’était condamné à un exil volontaire. Retiré à Paris, dans un modeste appartement de la rue de Parme, il suivait avec anxiété les douloureuses étapes de la liquidation du Risorgimento dont il avait été l’initiateur et l’apôtre par son livre du Primato. Chacune des pierres croulantes de son édifice idéal paraissait détachée de son cœur, et pendant ses nuits d’insomnie il scrutait le désastre, l’interrogeait pour en tirer la règle de l’avenir. Peu à peu, avec cette décision du penseur désintéressé qui ne redoute pas des contradictions dont il ne profite pas, il en vint à opérer une transformation radicale dans ses vues politiques. De Guelfe il devint Gibelin, Le Risorgimento avait avorté, il prépara le Rinnovamento. Il avait placé le succès du premier dans l’union des Princes avec le Pape ; le second ne lui parut réalisable qu’en dehors des Princes devenus autrichiens et du Pape hostile au principe national. Une nationalité ne peut surgir que d’une hégémonie quelconque. Or il n’en existe que deux dans la péninsule, Rome et le Piémont. Unis, ils forment l’hégémonie complète. Désunis, Rome ne peut rien, tandis que le Piémont peut beaucoup ayant une armée nombreuse, disciplinée, aguerrie. Puisque Rome refuse de s’unir au Piémont, il faut que le Piémont prenne seul en main la cause italienne, et qu’il vienne s’établir à Rome, non à la place du Pape, mais à ses côtés.
La première ville et la première Église du monde ne peuvent se passer l’une de l’autre, c’est à Rome que doit demeurer le