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Nous arrivons ainsi au total général de 360 torpilleurs, soit, probablement, 200 de première classe, et 160 de deuxième classe.

Ce bloc de 360 torpilleurs, il faudrait le subdiviser en 60 escadrilles, à chacune desquelles reviendrait théoriquement un aviso chef de groupe. 60 avisos, c’est beaucoup, et, comme nous allons le voir, il convient de borner nos demandes. 30 suffiront à la rigueur, pourvu que la répartition admise favorise les bases essentielles, Dunkerque, Cherbourg, Oran, Toulon, Bizerte, Bastia ; pourvu aussi que l’on ne marchande pas sur le déplacement. 500 tonnes ne seront pas de trop pour obtenir 25 nœuds bien nets, en pleine charge, et un armement sérieux.

Que la présence d’un torpilleur sous-marin dans les rades de nos ports de guerre soit de nature à inspirer à l’escadre de blocus une circonspection toute particulière et l’oblige à reculer de plusieurs milles la zone de surveillance active, c’est ce que personne ne songe à contester. Le moment est fort proche, sans doute, où, malgré tous les obstacles, nous pourrons nous assurer les services de ces engins pour la défense de nos bases d’opérations. Leur adaptation à l’offensive suivra de près.

Dans la recherche de la composition rationnelle qui résulte pour la flotte française des circonstances politiques extérieures, il nous reste à examiner quels élémens il convient de destiner soit à la protection de nos navires de commerce, soit à la destruction des paquebots de l’adversaire. De ces deux tâches, la première ne sera que trop facile à remplir. Parler de la seconde, c’est soulever une fois de plus la question si controversée de la guerre de croisière.

Nous pouvons heureusement nous dispenser de revenir sur un sujet qui a été traité ici même, il y a quelques mois. D’ailleurs, en dépit des habiles diversions de l’Angleterre, toutes les nations maritimes se sont décidées, et la France avec elles, à entrer dans une voie que nous aurions dû ouvrir depuis dix ans déjà, de sorte que l’ère des discussions stériles semble close.

D’autre part si nous n’avons admis jusqu’ici dans cette étude que l’hypothèse générale d’un conflit avec la Triple alliance, sauf à faire des ressources demandées le meilleur emploi possible contre la Grande-Bretagne, nous pouvons bien anticiper sur ce point spécial des croiseurs, puisqu’il s’agit de types dont la mise en jeu vise surtout, il serait puéril de le dissimuler, la plus puissante marine marchande du monde entier.