translucence la plus noble qu’on obtient en rompant les couleurs variées les unes parmi les autres. Toute la décadence par le bitume, le vernis jaune et les arbres bruns qui a suivi le succès de l’école hollandaise eût été évitée si seulement les peintres avaient été forcés de travailler avec des couleurs mates. Chaque fois qu’un peintre commence d’avoir envie de toucher quelque partie de son tableau avec de la gomme, il fait fausse route… »
Ce sont donc des fresques qu’il faut qu’on fasse ? Oui ; et mieux encore, des mosaïques. « Par exemple, si vous dessinez le tronc d’un bouleau, il est probable qu’il y aura de fortes lumières blanches, ensuite de pâles gris roses autour d’elles du côté lumineux, puis un gris plus profond, probablement verdâtre du côté sombre, varié par des couleurs reflétées et, sur le tout, de riches rubans noirs d’écorce et des taches brunes de mousse. Posez d’abord le gris rosé on laissant du blanc pour les fortes lumières et les taches de mousses et en ne touchant pas le côté sombre. Ensuite, posez le gris pour le côté qui est dans l’ombre, en le remplissant jusqu’au gris rosé de la lumière, en laissant ainsi, dans ce qui est le plus sombre, le papier blanc par places pour la mousse noire et brune ; enfin, préparez les couleurs des mousses rigoureusement pour chaque tache et posez-les dans les réservés. » Appliqué à l’huile, ce système de tachetage conduit l’artiste à imbriquer ses feuilles d’arbre dans le ciel ou à découper des morceaux de ciel dans les interstices des feuilles déjà faites, sans jamais repeindre celles-là sur celui-ci ni celui-ci sur celles-là. C’est la condamnation de Corot et de presque tous nos grands paysagistes.
Enfin Ruskin ne veut pas plus de mélange sur la palette que sur la toile. Qu’on mêle deux couleurs ensemble, si l’on y tient, mais pas davantage ! « Vous avez posé une couleur rouge et vous voulez une couleur pourpre par-dessus : ne mêlez pas de pourpre sur votre palette, mais prenez une petite touche de bleu et posez-la légèrement sur le rouge, de façon à laisser voir le rouge au travers et vous produirez ainsi le pourpre. » Mieux encore : posez les couleurs vives par petits points sur ou dans les interstices des autres et « appliquez le principe des couleurs séparées à son raffinement le plus extrême, usant d’atomes de couleur en juxtaposition plutôt qu’en larges espaces. Et enfin, si vous en avez le temps, plutôt que de rien mélanger, copiez la Nature dans ses fleurs ponctuées de couleurs diverses : les digitales, par exemple et les calcéolaires. Et produisez les teintes mixtes par