Louis XIV, en fournit la colonnade. Il fallut inventer des machines pour transporter et ériger les deux blocs qui forment la cimaise du fronton ; les cordages nécessaires coûtèrent à eux seuls 5 200 francs de notre monnaie, presque aussi cher que la taille. Quand le sous-sol du département de la Seine commença à s’épuiser, on fouilla Seine-et-Oise, puis Seine-et-Marne, où se trouve la carrière de Château-Landon, près de Nemours, dont a été tiré l’Arc-de-Triomphe. Le Louvre de Napoléon III vint de l’Aisne et de l’Oise ; l’Hôtel de Ville vint de Bourgogne ; il fut, après la Commune, rebâti en pierres de Charentenay et de Courson (Yonne). Aujourd’hui Paris mélange, dans ses murailles, les lits de la Lorraine à ceux de la Franche-Comté et de la Champagne, voire à ceux du Dauphiné ; leurs calcaires se confondent sur les berges de son port, le premier de France au point de vue du mouvement des marchandises : 8 millions et demi de tonnes dont le tiers en matériaux de construction. Le liais rose moucheté de la Côte-d’Or rencontre, sur les chantiers de la capitale, le granit du Calvados, gris et mélancolique, et les roches poitevines de Château-Gaillard et de Tercé dont la nuance indécise tient le milieu entre l’onctuosité blanche et savonneuse des bourguignonnes de Chassignolles et le jaune doré des bancs-francs de l’Oise.
L’entrepreneur peut, de son cabinet, commander sa façade à Villebois, dans l’Ain, ou à Courville, dans la Marne ; on la lui expédie toute faite, comme un jeu de patience dans une boîte, bonne à poser, en morceaux qui se rapportent les uns aux autres à un demi-centimètre près. Les pierres arrivaient autrefois à l’état brut, pour être façonnées soit dans des emplacemens affectés à cet usage, soit « sur le tas », c’est-à-dire au centre du terrain où l’on construisait. La besogne, depuis quinze ans, est faite au lieu même d’extraction par les carriers, qui commencent à appliquer des procédés industriels et mécaniques. Leurs cliens trouvent à ce système deux avantages : le premier, peu important à la vérité — il représente une économie annuelle d’une trentaine de mille francs — consiste à ne payer l’octroi que pour le cube utile, évidé, refouillé, mouluré, et non pour le cube primitif, supérieur d’un tiers avant la taille. Le second résulte de la différence des salaires payés dans les départemens, avec ceux qu’il aurait fallu débourser à Paris. Elle serait d’un million chaque année, s’il faut en croire le syndicat des maçons de la