Bourse sont passibles. Une autre conséquence bien plus grave encore de cet état de choses est que la responsabilité, tout au moins morale, des introducteurs d’un titre disparaît. Pour qu’un fonds d’État, des actions ou des obligations d’une société particulière soient admis à notre cote officielle ou même simplement négociés sur le marché libre, il est nécessaire qu’ils se présentent sous le patronage d’une ou de plusieurs maisons de banque ou établissemens de crédit, dont l’intervention constitue une garantie sérieuse pour le public. Bien que l’erreur soit plus aisée en matière financière qu’en toute autre, le fait qu’un dossier aura été étudié, qu’un crédit aura été discuté par un ensemble d’hommes honorables et compétens, avant que les capitalistes soient invités à s’associer à une entreprise ou à souscrire un emprunt, ajoute un élément considérable de sécurité aux mérites intrinsèques d’une valeur.
Il serait aisé de citer tel chemin de fer étranger dont les obligations ont été introduites sur le marché de Paris il y a quelques années sous le patronage d’une de nos premières banques. Il est à peu près certain que, si la défense des obligataires n’avait été prise de la façon la plus énergique par les administrateurs de l’établissement qui avait ouvert la souscription à ses guichets et qui se sentait moralement tenu de surveiller la gestion de l’entreprise, celle-ci eût été victime de l’arbitraire d’un gouvernement peu soucieux de remédier aux effets désastreux du bouleversement du change amené par sa politique monétaire et financière. Les efforts persévérans d’hommes bien placés pour faire entendre leur voix, même au loin, ont eu pour résultat d’atténuer, dans une mesure considérable, les conséquences de cet état de choses et de faire assurer aux créanciers français une rente égale aux quatre cinquièmes de l’intérêt qui leur avait été promis à l’origine. Que se serait-il au contraire passé si nos compatriotes avaient simplement fait acheter à Londres ou à Bruxelles des titres de ce genre, émis à l’étranger par des étrangers ? Une complication survient, leurs droits sont méconnus ou violés : qui sera là pour les défendre ? Diverses tentatives faites à Paris pour y constituer un comité des porteurs de fonds étrangers, à l’instar de celui qui existe en Angleterre, n’ont jamais abouti. D’ailleurs un comité de ce genre n’est pas mieux armé que telle banque prise individuellement et qui se sera plus spécialement attachée à une entreprise déterminée.