Il y a des hommes qui sont beaux, et intéressans, et instructifs par l’unité de leur doctrine, par la force, et de caractère, et d’intelligence générale, et de logique, qui leur sert à embrasser un grand système d’idées, à le maîtriser et à y faire entrer toutes les idées secondaires que leurs réflexions ou les circonstances font comparaître devant leur esprit. — Il en est d’autres qui sont intéressans par les variations de leur pensée, sitôt qu’on a reconnu qu’elles ne sont pas les vains caprices de l’impuissance, mais d’une part le développement, imprévu d’eux-mêmes, logique cependant, d’une pensée qui vit, se meut et se transforme ; d’autre part l’effet de l’influence qu’a la pensée générale sur une pensée individuelle. — Dans ce cas, et considérées à l’un ou l’autre de ces deux points de vue, transformées ou se transformant, la pensée et l’œuvre d’un homme deviennent, pour prendre les expressions mêmes de Lamennais, des « mémoires pour servir à l’histoire de la pensée humaine. «Elles nous montrent en un seul homme ce qui arrive si souvent dans l’histoire de l’humanité : une doctrine, de démarches en démarches, toutes logiques, ou au moins ayant toutes leurs profondes raisons d’être, aboutissant à son contraire. — C’est un spectacle, intéressant d’abord en soi, instructif ensuite au plus haut point, s’il est vrai qu’un des objets essentiels de l’esprit humain soit lui-même, et qu’un de ses devoirs soit de se bien connaître, à savoir comment il procède, comment il végète selon sa nature et selon les circonstances, comment il accomplit ses évolutions spontanées ou involontaires ; — et personne plus que Lamenais
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LAMENNAIS