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qu’on a lues, et qu’un des plus hauts dignitaires de la cour de Bavière, le comte Holnstein, grand écuyer, se trouvait appelé à jouer un rôle considérable dans les négociations confidentielles qui s’engageaient.


II

Sans avoir la prétention de diriger ostensiblement la politique bavaroise, le comte Holnstein n’avait cessé d’exercer une influence décisive sur tous les événemens qui avaient eu pour effet d’absorber de plus en plus le royaume des Wittelsbach dans l’empire allemand. Au mois de novembre 1870, c’est à lui que le prince de Bismarck avait confié la tâche assez épineuse de déterminer Louis II à offrir au roi de Prusse, au nom de tous les princes allemands, la couronne impériale. Il n’est pas douteux que les bizarreries de caractère du roi de Bavière, la répugnance même qu’il éprouvait à entretenir des rapports personnels réguliers avec l’empereur Guillaume et le Prince impérial, étaient, aux yeux du Chancelier, largement compensées par les avantages que lui assurait pour le succès de sa politique la présence à la cour de Bavière du comte Holnstein. En 1874, Louis II, emporté par ses fantaisies archéologiques, avait voulu venir visiter Paris et Versailles ; ce voyage, jugé à Berlin impossible l’année précédente, ne put s’accomplir que parce que le Roi se fit accompagner par le comte Holnstein, qui le suivit de même à Reims, lorsque le romantique héritier des Wittelsbach désira étudier le théâtre du couronnement de Charles VII sous les yeux de Jeanne d’Arc.

Ce trait particulier de la situation dans laquelle se trouvait la cour de Bavière en 1878 permet de mesurer la valeur des avances qu’on vit le grand écuyer faire à Mgr Aloysi Masella, dès le milieu de mars. Une première fois, dans les salons d’une des princesses de la maison royale, l’archiduchesse Gisèle, le comte Holnstein avait dit au nonce : « Monseigneur, nous devrions nous réconcilier, et unir nos efforts contre l’ennemi commun : le socialisme. » Ces paroles étaient d’autant plus significatives que, très peu de temps auparavant, le grand écuyer affectait, comme la plupart des personnages de la cour, de se tenir éloigné du représentant du Saint-Siège. La tension qui avait amené cet état de choses durait encore en 1877, lorsque Mgr Bianchi avait quitté Munich pour venir occuper un poste cardinalice à Rome, et on