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peut-être moins douloureuse à régler qu’on ne le supposait à Rome. Seulement, il importait beaucoup aux yeux du prince de Bismarck que le représentant du Saint-Siège s’abstînt de recourir aux bons offices des membres du Centre au Reichstag, quelques-uns d’entre eux, M. Windthorst, par exemple, ne se servant du conflit religieux que pour satisfaire leurs passions particularistes et leur hostilité contre l’empire. Tous n’obéissaient pas, il est vrai, aux mêmes sentimens ; il y en avait même parmi eux qui étaient entourés à Berlin du plus grand respect, notamment le baron de Frankenstein, qui était à la fois président du groupe du Centre et chef du parti conservateur bavarois.

La vivacité même des démonstrations amicales du comte Holnstein était de nature à en atténuer la valeur pratique. Tout au moins devait-on se demander au Vatican pourquoi le ministre de Prusse à Munich continuait de se renfermer dans une grande réserve vis-à-vis du nonce, tandis que le grand écuyer du roi Louis II tenait un langage si accentué. Pourtant Mgr Aloysi ne pouvait se dispenser de prêter une sérieuse attention à ces ouvertures ; et tel fut l’avis du baron de Frankenstein qui, tout en établissant que les catholiques bavarois avaient de fortes raisons de se défier du comte Holnstein, puisqu’il avait été à Munich l’instrument le plus actif de la politique du prince de Bismarck, reconnut qu’en raison même du crédit dont il jouissait à Berlin son attitude si nouvelle méritait d’être prise en grande considération. Encouragé de Rome à poursuivre ses entretiens avec le grand écuyer, le nonce émit l’avis que, la difficulté de se mettre d’accord sur les lois actuelles étant reconnue de part et d’autre, le plus sage serait de choisir une autre base pour les négociations et de prendre comme point de départ la bulle De sainte animarum de 1821 qui avait longtemps réglé l’organisation de la communion catholique en Prusse. Cela admis, le Saint-Siège se déclarerait prêt à examiner, avec le cabinet de Berlin, les changemens qu’il conviendrait d’apporter aux stipulations de ladite bulle. De son côté, le gouvernement prussien rechercherait s’il pouvait lui convenir d’entrer dans des combinaisons dont quelques-unes auraient nécessairement pour effet d’abroger certaines dispositions des lois de mai, ipso facto, et sans qu’il lut nécessaire de procéder à leur révision.

Tel fut le thème d’une note remise le 4 mai 1878 par le nonce au comte Holnstein. La pensée y était exprimée, qu’une