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brutale, les rapports traditionnels du propriétaire noble et du tenancier[1].

Et plus tard encore, à l’époque de réaction, appréciant la réforme comme un fait accompli, il conseille de ne point l’abolir, de ne point revenir à l’ancien état social qu’elle a partiellement détruit[2].

Contradictions, ou tout au moins hésitations flagrantes, qui ne permettent point de chercher l’unité de la vie de Stein ailleurs que dans son action continue, persistante, homogène, de grand patriote allemand. Ne saisit-on pas ici sur le vif ce qu’il y a de factice, à vouloir faire de Stein, malgré toute la vigueur de sa volonté, l’homme d’un système ou d’une doctrine politique?

Tout au plus pourrait-on dire, — si l’on veut, sans rien exagérer, synthétiser les deux hommes d’État, — tout au plus pourrait-on dire que Stein a représenté les réserves du droit historique ou comme un résidu des tendances semi-libérales, semi-oligarchiques de la vieille Allemagne décentralisée; tandis que Hardenberg, qui était bien moins que lui un homme à principes, était porté par les idées plus modernes, par la conception plus neuve d’un état social rajeuni, égalisé, uniformisé et par ce que cette conception même entraînait nécessairement avec elle de plus brutal, de plus autoritaire, de plus radical.


GODEFROY CAVAIGNAC.

  1. Autobiographie de Stein. Pertz, Stein’s Leben, VI, 2, Beilagen, p. 165.
  2. Pertz, Stein’s Leben, V, p. 89. — Preussische Jahrbücher, XXXVII. Gneist, Die Denkschriften des Freiherrn vom Stein, p. 263.