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bénédictions et mes meilleurs vœux. Dans l’intérêt de la science à laquelle vous avez, en pionnier infatigable, consacré vos brillantes facultés, je souhaite que vous puissiez atteindre, en conservant la vigueur d’esprit et de corps qui vous est propre, les plus extrêmes limites de l’existence humaine.


D’autres hommages, auxquels l’illustre savant ne devait pas être moins sensible, lui furent adressés. Les membres du chapitre de Saint-Cajetan, dont il avait cessé de faire partie depuis qu’il avait été frappé d’excommunication en 1871, lui offrirent leurs félicitations. L’archevêque de Munich lui-même, Mgr Steichele, qui avait succédé à Mgr Scherr, profita de cette circonstance pour lui écrire. Cette démarche ayant causé quelque surprise dans le public, un journal qui ne pouvait être suspect de tiédeur pour les intérêts catholiques, le Vaterland, prit la défense de l’archevêque en ces termes : « Le digne prélat que la confiance de Sa Sainteté a appelé à diriger notre diocèse et dont le tact et la sagesse sont éprouvés, connaît ses devoirs mieux que ces critiques qui n’ont pas été consultés et dont les conseils sont inutiles. Si l’archevêque, en sa qualité de savant, a félicité, à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de sa naissance, un savant qui était son ami avant de tomber dans l’erreur, personne assurément ne saurait en être choqué, et s’il a mêlé à ses félicitations au vieillard érudit quelques paroles opportunes, chacun peut compter sur la sagesse de l’éminent prélat qui n’a pas abandonné l’espoir que l’égaré retrouvera le droit chemin, et qui, en sa qualité d’évêque, ne doit rien négliger pour sauver l’âme d’un homme que le vœu le plus ardent de notre pasteur doit être assurément de reconquérir à l’Église. »

On devait croire l’incident terminé, M. Döllinger s’étant très dignement abstenu de rien faire pour en grossir l’importance. Il n’en était rien pourtant, et, à ce moment même, le bruit se propageait à Munich que, grâce à l’intervention du docteur Newman, qui allait être créé cardinal, le dogme de l’infaillibilité recevrait, par le fait de l’initiative du successeur de Pie IX, une interprétation modifiant la portée du décret conciliaire du 18 juillet 1870. On revenait ainsi par une voie détournée au point de départ des débats que le ministre des cultes de Bavière, M. Lutz, avait soutenus aussitôt après la conclusion du traité de Francfort, en vue d’empêcher dans son pays la proclamation du dogme de l’infaillibilité.

Les dispositions de la chancellerie pontificale avaient-elles