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question de reprendre ces laborieuses négociations. Au printemps de 1879, le bruit s’était répandu que l’envoyé du Pape à la cour de Bavière irait remplacer à Paris Mgr Meglia, nommé cardinal. Le ministre de Prusse ne dissimula pas au nonce qu’un tel changement pourrait affliger le prince de Bismarck, qui comptait sur la bonne volonté de Mgr Aloysi pour continuer ce qui avait été commencé l’année précédente. Pourquoi ne serait-il pas chargé par le Pape d’aller offrir à Berlin les félicitations de Sa Sainteté à l’empereur Guillaume et à l’impératrice Augusta à l’occasion du cinquantième anniversaire de leur mariage ? Le représentant du souverain pontife n’avait-il pas rempli au mois de juin de l’année précédente une mission analogue à Dresde, lors des noces d’argent du roi et de la reine de Saxe ? Mgr Aloysi répondit à M. de Werthern que, sans aucun doute, le Pape ne se refuserait pas en cette circonstance à féliciter l’empereur Guillaume, mais en même temps il fit observer à son interlocuteur que les efforts tentés pour rétablir la paix religieuse en Prusse n’ayant pas été encore couronnés du succès qu’on avait un instant entrevu, la présence d’un envoyé extraordinaire du Saint-Siège à Berlin ne pourrait s’expliquer.

Néanmoins, à la suite de l’élection du baron de Frankenstein à la première vice-présidence du Reichstag, on se demandait si la situation n’allait pas encore une fois changer. Divers indices tendaient à faire croire que le pouvoir fédéral désirait se rapprocher du Centre. Le 31 mars, le prince de Bismarck avait eu une entrevue avec M. Windthorst, et ce fait revêtait aux yeux de tous les personnages politiques initiés à la marche des affaires une importance telle que chacun y voyait une raison d’espérer qu’on allait enfin aboutir à l’aplanissement des difficultés que présentait la question religieuse. L’attitude réciproque du chancelier de l’Empire et des membres du Centre était redevenue conciliante. Mais ce rapprochement serait-il durable et fécond ? Le baron de Frankenstein estimait que les circonstances lui imposaient d’être très réservé vis-à-vis du Chancelier de l’Empire. Fort abondant lorsqu’il s’était agi de déplorer les effets produits dans le passé par le Culturkampf, le prince de Bismarck se refusait à entretenir de ses vues sur l’avenir le premier vice-président du Reichstag.

Les choses pourtant étaient sur le point d’entrer dans une phase nouvelle, sinon décisive. Le 1er août 1879, Mgr Aloysi reçut, pour être transmise à Borne, une lettre par laquelle le prince de