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l’homme, dans lequel une double canalisation reçoit et distribue les alimens utiles, puis recueille et évacue le déchet, la maison a son système compliqué de tuyaux, se croisant en tous sens, qui amènent d’abord aux offices, salles de bain et water-closets, l’eau des nombreuses rivières dont Paris a fait ses affluens, pour les boire ou pour s’y laver; qui emportent ensuite et expulsent les matières usées ou malpropres.

J’ai essayé de résumer, dans une étude antérieure, les progrès récens de l’éclairage[1] ; le chauffage et les applications de l’électricité méritent un examen particulier que je tenterai plus tard. Le domaine de cette dernière s’accroît chaque jour : aux ascenseurs primitifs installés dans la capitale, actionnés par des machines à contrepoids, ont été substitués, à la suite d’accidens douloureux et retentissans, d’autres modèles mis en mouvement, comme le plateau d’une presse hydraulique, par l’eau introduite dans une sorte de puits très étroit où plonge une tige métallique. Ce piston, chassé de son étui par la brusque invasion du liquide, s’élève et soutient dans sa course aérienne la cabine qui repose sur lui.

L’établissement de cet appareil est fort coûteux, puisqu’il exige une excavation égale en profondeur à la hauteur du cinquième étage ; mais, comme il présente les meilleures garanties de sécurité, il aurait subsisté sans changement si le conseil municipal n’avait porté, de 32 à 60 centimes, le mètre cube d’eau employé à cet usage. La pression de cette eau, livrée dans nos maisons par la compagnie fermière, étant assez basse — le mètre cube équivaut à une force de 30 à 40 000 kilos seulement — la quantité nécessaire au fonctionnement des ascenseurs est considérable, ainsi que la dépense qui incombe de ce chef aux propriétaires. Tel immeuble de ma connaissance, possédant deux locataires à chaque étage desservis par un ascenseur, donne lieu à une consommation d’eau de 3600 francs par an. Le coût moyen d’une ascension étant de 0 fr. 20 — 333 litres — s’il en est fait trois par appartement et par jour, chiffre qui n’a rien d’excessif, puisque la cabine sert aux visiteurs étrangers non moins qu’aux habitans, la part annuelle de l’ascenseur ressort à 2 200 francs, soit près du double du liquide utilisé pour les autres besoins.

Le désir de s’affranchir d’une aussi lourde redevance fait peu

  1. Voyez, dans la Revue du 15 juin 1896, l’Éclairage.