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LA CONVENTION DE LALLA MAR’NIA
ET LA
FRONTIÈRE ALGÉRIENNE DE L’OUEST

A l’occident de l’Algérie, l’Empire chérifien s’étend le long du département d’Oran. Limitrophe de notre colonie que géographiquement il complète, le Maroc occupe dans l’angle nord-ouest du continent africain une situation privilégiée, puisqu’il domine, en face de Gibraltar l’entrée de la Méditerranée. D’autre part cette région a des contours terrestres vagues, sauf sur une petite étendue où les plénipotentiaires du roi de France s’efforcèrent de délimiter une frontière en signant la convention de Mar’nia de 1845. Or les points de contact que nous avons avec ce pays sont multiples. Nos tribus oranaises se trouvent en relations constantes avec celles de l’empire voisin, et non seulement sous ce rapport spécial, mais encore au point de vue plus général de notre politique en Afrique, il ne nous est pas possible de nous en détacher. Aussi bien le Maroc est-il dans un état tout à fait particulier; en face de l’Europe, à quelques milles des côtes andalouses, il est demeuré ce qu’il était aux siècles passés, contrée fermée que régit une rigoureuse théocratie musulmane. Le fanatisme y a toujours été la force et comme la raison d’être du gouvernement. Depuis les premières dynasties qui s’y sont succédé jusqu’aux Filali actuels, le caractère religieux des sultans ne s’est point démenti; de nos jours, le chef du Maghzen trône bien plutôt en prince religieux qu’il ne commande aux Berbères de cet empire sans consistance, véritable et simple expression géographique. Invoquant