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cette vérification de frontière avait pour but de s’entendre avec les autorités du Maroc afin de régulariser une situation difficile, que nous devions, pour éviter d’interminables complications, nous montrer accommodans, il en résultait que nos administrés se trouvaient lésés en partie de leurs droits. Que faire? Rester dans le statu quo sur la plupart des points frontières et continuer à subir les conséquences de cet état fâcheux.

Plus tard encore, toujours pour obvier à des difficultés, on reprenait, d’accord avec les autorités marocaines, la vérification de la frontière ; mais on ne parvenait pas davantage à s’entendre ; aussi bien, il fut décidé de laisser des terrains neutres dans lesquels Algériens et Marocains pourraient s’établir sans qu’ils fussent censés avoir franchi la frontière soit d’un côté, soit de l’autre. C’est ainsi que l’on procéda entre Djorf-el-Baroud, Zoudj-el-Beral et les deux kerkour Sidi-Hamza ; puis à Aïn-Takbalet et au Ras-Asfour, etc. Un fait donnera une idée de la singulière bonne foi des autorités marocaines. Celles-ci prétendirent, au point marqué par la koubba de Sidi-Abdallah-ben-Mohammed-el-Hamlili, qu’il fallait, pour trouver la frontière, tirer de là une ligne de 1 600 mètres vers l’ouest pour arriver à un petit col à l’est du col de Mechamich, indiqué cependant par le traité. Or il n’a jamais été fait nulle part mention de cette mesure de 1 600 mètres. Le seul but de nos voisins était de gagner une portion de terrain, ainsi qu’ils l’ont su faire peu à peu sur presque toute la ligne frontière, et la question dite du col de Mechamich n’a pu être résolue.

Aussi l’attitude des tribus riveraines est-elle parfois très fâcheuse. On a toutes les difficultés à leur faire payer l’impôt achour, dû pour avoir labouré sur notre territoire. Il faut recourir à des mesures de police sévères, saisir leurs récoltes, ouvrir avec l’amel d’Oudjda des négociations intarissables. On n’arrive point à leur faire respecter la frontière, — double pourtant sur certains points.

En somme, à part la ligne de l’Oued-Kiss, il n’y a pas eu de limite nettement caractérisée, nettement tracée. Il apparaît jusqu’à l’évidence que la reconnaissance des points assignés par la convention n’a pas été faite sur place, et que, d’autre part, les indigènes intéressés n’ont pas été consultés sur leurs droits. La convention de Lalla Mar’nia n’a donc pas répondu à cette partie du plan qu’on devait se proposer : établir une