Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 140.djvu/882

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fut détourné par les appréhensions qui animaient alors notre action diplomatique en Europe.

Quant à ce qui concerne les tribus et les ksour du Sud, nous voyons que les Hamian, sans distinction aucune, ont toujours suivi le même sort. Avant 1830 ils échappaient presque complètement à l’autorité des Turcs, mais ils n’en étaient pas moins sous leur domination. Ils leur payaient de lourds impôts, soit qu’ils y fussent contraints par des troupes envoyées contre eux, soit que, venant faire leurs approvisionnemens dans le Tell, ils dussent verser une sorte de capitation appelée Gharama ou Lezma. A la suite des Turcs, Abd-el-Kader les réunit sous l’autorité du royaume de Tlemcen. De même pour les Amour. D’abord indépendans, ils se trouvent pressés par le besoin et viennent à Oran faire leur soumission à Mohammed, un des derniers beys d’Oran. Depuis ils conservent leur indépendance, mais ils relèvent du royaume de Tlemcen. De même pour les Mehaïa. Quant aux Oulad-Sidi-Cheikh R’araba, on sait déjà que le sultan Abd-er-Rhaman leur avait déclaré lui-même qu’ils dépendaient de nous. Enfin Figuig avait toujours joui d’une entière indépendance. L’histoire ne nous a conservé que le souvenir de deux tentatives des empereurs du Maroc sur ces oasis; mais ces deux tentatives n’eurent aucun résultat durable. Et nous étions parfaitement en droit de réclamer cette position qui se trouve située bien à l’est du méridien de Nemours, et devient, à plus forte raison, une dépendance du royaume de Tlemcen, avec la frontière de cet empire à la Moulouia.

Mieux informés, donc plus énergiquement décidés à exiger du Maroc une limite qui nous permît d’éviter, par la suite tout sujet de complications, notre frontière tracée devait partir de l’embouchure de la Moulouia, remonter son cours jusqu’à ses sources et atteindre l’Oued-Guir, ou bifurquer au confluent de l’Oued-Za, poursuivre jusqu’à Ras-el-Aïn des Beni-Mathar, et de là dans le sud ranger sous notre dépendance tous les Oulad-Sidi-Cheikh, les Méhaïa, tous les Hamian, les Amour, et nous pou- vions alors réclamer Figuig. Au début même des négociations il fut question de traiter ce dernier point, mais on y renonça.


V

Telle quelle, la convention de Lalla Mar’nia nous permit néanmoins d’atteindre le but principal de notre action diplomatique,