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inconciliable avec la nécessité de conserver de larges espaces pour les marchandises. Car la vitesse réclame de puissantes machines, qui tiennent une grande place, et une finesse de formes qui diminue la capacité. L’allongement entraîne une plus grande profondeur d’immersion, à laquelle s’opposent justement les défectuosités actuelles de l’entrée et des bassins du Havre.

Liverpool et Southampton sont bien mieux partagés sous ce rapport que notre principal port de la Manche, où il faut la marée pour l’entrée et la sortie, avec des manœuvres lentes, parfois dangereuses.

L’infériorité croissante du port du Havre et la situation difficile de la Compagnie Transatlantique sont deux phénomènes reliés l’un à l’autre par la relation de cause à effet. Aussitôt que le port sera amélioré, la Compagnie pourra construire des navires plus grands, plus longs, ayant une plus profonde immersion.

Ceux dont elle dispose ne peuvent plus lutter avec les navires à grande vitesse mis en ligne entre l’Europe et les Etats-Unis par les compagnies anglaises, allemandes et américaines.

Le Lucania et le Campania, de la compagnie Cunard, ont atteint une marche moyenne annuelle de 20 nœuds 415. La Compagnie Transatlantique se contentera pour ses nouveaux bâtimens de 19m, 50, ce qui permettra de franchir les 3 171 milles séparant le Havre de New-York en six jours, 18 heures et 40 minutes, vitesse très suffisante, représentant 36 kilomètres à l’heure. Ces paquebots pourront loger plus de 2 600 mètres cubes de marchandises.

Que faut-il pour que la Compagnie entreprenne la construction de bâtimens de ce nouveau type? Qu’elle soit assurée d’un temps d’existence assez long pour que l’amortissement des emprunts qu’elle aura dû contracter devienne possible. Le gouvernement ne discute pas la nécessité de subventionner largement les compagnies postales soumises à la double condition de la construction en France et de la vitesse. Il comprendra donc l’importance que la Compagnie attache à la prorogation du traité existant.

En attendant, la Compagnie ne reste pas inactive.

L’administration lui ayant retiré les subventions dont elle était dotée naguère pour les services postaux dans la Méditerranée, mais la même mesure qui privait l’entreprise de la manne gouvernementale la débarrassant en même temps des entraves qui en étaient la rançon, la direction supprima certaines