qu’il fût de satisfaire ce noble client, évidemment l’artiste n’avait pas donné toute son attention à ces deux ouvrages, car il lui fallait, au cours de leur exécution, peser soigneusement ses paroles et conserver le souvenir très exact de ce qui lui était dit, pour le rapporter à l’Infante. Malgré tout, ce travail lui était très largement payé, car, outre une somme de 500 livres sterling qui lui fut donnée par le duc, il recevait encore de la cour de France une gratification de 2 000 écus d’or. De plus, c’est probablement dès cette époque que Buckingham manifestait à Rubens l’intention de lui acheter ses collections, et il semble bien qu’en cherchant à les acquérir il visât un double but : satisfaire ses goûts fastueux et, du même coup, s’assurer les (bonnes grâces de l’artiste en vue des négociations dans lesquelles celui-ci allait intervenir.
Voyant que les choses traînaient en longueur à la cour de France, Rubens s’était décidé à retourner en Flandre. Son voyage ne s’effectuait pas sans peine, car, n’ayant pu trouver de chevaux aux environs de Paris, il avait dû continuer durant quatre postes « avec de pauvres bêtes à moitié mortes, en les faisant marcher seules, chassées en avant par les postillons qui s’étaient mis à pied, ainsi que font les muletiers. » Cependant le soir même de son retour chez lui, le 12 juin 1625, il écrit en hâte à Peiresc que la veille, dès son arrivée à Bruxelles, il a cherché, mais en vain, à y voir l’Infante et que, dans l’espoir de la joindre à Anvers, il a immédiatement gagné cette ville, que la princesse elle-même venait de quitter dès six heures du matin pour aller témoigner aux troupes tout son contentement, à la suite de la capitulation de Breda. Rubens s’excuse d’ailleurs de ne pouvoir donner à son ami plus de détails, sa maison étant remplie d’une foule de parens et d’amis, accourus pour le féliciter à son retour. Le règlement de ses affaires à Paris devait encore se prolonger, car dans les lettres suivantes, il continue à se plaindre des nouveaux retards que, malgré des promesses formelles, on met à s’acquitter envers lui. Il était pourtant en droit de s’attendre à plus d’exactitude, ayant offert au trésorier d’Argouges, chargé de ce règlement, un grand tableau qui avait paru fort à son goût. N’était la façon magnifique avec laquelle il a été traité par le duc de Buckingham, le grand ouvrage exécuté pour la reine mère eût été fort onéreux pour lui, à cause des voyages et des séjours faits à Paris et dont il n’a reçu aucune indemnité. Il n’est pas plus heureux, du reste,