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compétens. En 1830, il n’y avait de mis en valeur dans l’île qu’un douzième, et, en 1842, qu’un huitième à peine des terres cultivables. Mieux menée, l’exploitation de Cuba fournirait à elle seule toute l’Europe de sucre et de café.

« Sous l’administration des États-Unis, Cuba ne saurait manquer d’être l’île la plus fertile et la plus riche du monde entier. » Elle n’avait qu’un million d’habitans; elle en pourrait contenir dix millions : « Si Cuba faisait partie des États-Unis, il serait difficile de calculer la quantité de grains, farines, riz, coton et autres produits de l’agriculture, comme aussi de l’industrie, de bois et de divers articles qui s’ouvriraient un marché dans cette île, en échange de son café, de son sucre, de son tabac, etc. Ses productions iraient en augmentant, à mesure qu’augmenterait sa population, et le développement de ses ressources tournerait au bénéfice de tous les États de l’Union. » Cuba est sur le point de s’insurger, M. Buchanan en est informé; les rebelles ont même demandé au gouvernement de l’Union de les soutenir avec quelques régimens de volontaires ; et il va sans dire que le gouvernement a refusé : « Si désirée que soit par les États-Unis la possession de l’île, nous ne voulons la tenir que de la libre volonté de l’Espagne. Toute acquisition qui n’est pas sanctionnée par la justice et l’honneur serait toujours payée trop cher. » Mais ne pourrait-on pas s’entendre? et l’Espagne répugnerait-elle absolument, — incertaine comme elle l’est de la conserver longtemps et, d’autre part, gênée en ses finances, — à céder l’île contre une équitable, pleine et préalable indemnité?

— Dans le cas où le cabinet de Madrid accepterait sur Cuba une conversation, comptons bien. Que devons-nous offrir? « Pour fixer la somme, il est important de vérifier : 1° Quel est le revenu liquide qu’en retire à présent le Trésor de la métropole? et 2° à combien montera cette rente, également liquide, pour les États-Unis, dans l’état actuel de Cuba? » En 1837, on parlait de 9 millions de duros; en 1844, de 10 millions et demi; depuis 1844, le département américain des affaires étrangères n’a pas de renseignemens dignes de foi. Pourtant il lui est revenu que « la trésorerie de Madrid n’a jamais reçu plus de 2 millions de duros. » M. Buchanan à cherché à savoir où allait le surplus; on lui a répondu : « A défrayer le gouvernement colonial; à payer les troupes et à entretenir les vaisseaux de guerre, nécessaires pour la défense et la sécurité de Cuba. » Si donc l’Espagne inclinait à