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déguisement le drapeau de la contre-révolution. Si on est un peu moins pressé de le déployer depuis quelque temps, il n’y a pas beaucoup d’années, cependant, que l’appel était fait à une levée de boucliers de ce genre avec tout l’éclat de la jeunesse et du talent. D’autres, au contraire, ont incliné vers des solutions moyennes et proposé entre les forces rivales les bases d’un accord possible et suivant eux désirable. Seulement il est arrivé assez souvent à ceux-là d’être mal menés par les deux partis, comme c’est le cas, dans les dissentimens un peu vifs, de tous les conciliateurs : d’autant plus qu’ils se sont laissé entraîner à aller parfois en fait de concessions pacifiques un peu plus loin que l’Eglise elle-même ne consentit à les suivre. Quoi qu’il en soit, à ne regarder que les apparences, le conflit devrait être plus ardent que jamais et plus loin d’être apaisé, puisqu’il n’est aucune des mesures ou des dispositions législatives du gouvernement actuel qui, en portant atteinte aux droits comme aux intérêts de la religion, n’ait pour effet naturel de mettre à tout instant les opinions opposées en présence et les contradicteurs aux prises.

C’est pourtant un signe des temps plus favorable, que l’apparition, au milieu de ces querelles et de ces récriminations acharnées, d’un livre comme celui que j’ai en ce moment sous les yeux[1], et qui est dû à la plume d’un membre d’une des plus importantes congrégations religieuses de France, celle dont le rétablissement a été dû à la généreuse initiative du Père Lacordaire. Le titre seul : l’Église et la France moderne, indique avec quelle netteté la plus grande question du jour y est abordée, et l’épigraphe qui la suit : Verbum justitiæ et pacis fait voir à quelle solution le vénérable auteur veut nous conduire.. Si la voix du Père Maumus était isolée, il serait à craindre qu’elle eût peu d’écho. Mais pour se mettre en garde contre tout soupçon d’innovation personnelle, en matière si grave, il a eu soin de se munir de l’approbation de ses supérieurs légitimes. En tournant le feuillet de la première page, on trouve la signature du célèbre dominicain, le Père Monsabré, qui a occupé pendant tant d’années la chaire de Notre-Dame où il a passé en revue tout le dogme catholique avec une sûreté de doctrine égale à l’éclat de sa parole. Cautionnée par un tel garant, l’orthodoxie est indiscutable. De plus, le livre n’avait pas paru depuis quelques semaines

  1. L’Église et la Finance moderne, par le P. Vincent Maumus, dominicain.