Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 141.djvu/327

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que de préoccuper le public, incapable de discerner les exagérations et les critiques inspirées par l’esprit de parti ; dans le monde maritime, il répand des doutes sur la valeur réelle des institutions et décourage les bonnes volontés. Il y a donc un intérêt indéniable à rechercher ce que ces critiques contiennent de vérités, d’erreurs involontaires ou de parti pris.

Or quelles sont les plus essentielles de ces critiques ? Si nous laissons de côté celles qui touchent à la composition de notre flotte de guerre, exposée naguère ici[1], au recrutement et à l’instruction de son personnel, elles peuvent se résumer comme il suit. En premier lieu, les arsenaux maritimes auraient pris, peu à peu, dans notre pays, une importance excessive, grevant les budgets par le développement de services qui ne sont cependant que les organes de production de la flotte de guerre, c’est-à-dire des services accessoires : le fait résulterait du maintien d’institutions surannées, non renouvelées comme l’ont été celles de la guerre, et il conviendrait, notamment, de ramener les préfectures maritimes qui régissent nos ports à n’être que des annexes de la flotte armée. Les arsenaux seraient, en outre, trop nombreux et auraient été à tort tous munis des mêmes organismes complets ; aussi conviendrait-il d’en fermer ou spécialiser quelques-uns. Dans ceux à maintenir il y aurait à émanciper certains services, pour les amener à mieux produire. Enfin une réglementation administrative complexe imposerait au personnel une paperasserie sans clarté ni résultats tangibles, tandis que le ministre n’en aurait pas moins une dangereuse indépendance.

Nous essaierons de discerner la part de vérité que ces critiques contiennent, ce qu’il convient d’en accepter ou d’en écarter.


I

Un des plus sérieux reproches, avons-nous dit, que l’on fasse à l’organisation administrative de notre marine est le développement des services et, par suite, des dépenses de ses arsenaux. Ces derniers ont pour base l’institution des préfectures maritimes, dont il convient d’indiquer, en quelques mots, les origines et le fonctionnement actuel.

  1. Voir la Revue du 1er mars 1897 : la Constitution logique de la force navale française.