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mal du phylloxéra, parce que le mildew achevait de tuer les vignes malades et n’épargnait franchement aucun cépage ancien ou nouveau, contribuèrent à brouiller leurs idées. Cependant à la longue nos agriculteurs ont fini par comprendre à peu près l’état de la question et aujourd’hui la culture du Jacquez, franc de pied ou greffé, se répand peu à peu dans le pays. Néanmoins, comme le vin de Jacquez ne se conserve qu’à la suite de procédés de vinification raisonnes ; que le même cépage redoute le mildew; que l’entretien des greffes exige périodiquement des soins minutieux, il est certain que la solution idéale, en ce qui concerne le terroir, serait la découverte d’un producteur direct, indemne de phylloxéra et de mildew et fournissant, sans grande peine, un vin de bonne qualité. Nous espérons que les efforts des hommes, qui, chacun de son côté, creusent ce problème, en maîtriseront les difficultés pratiques, à la grande satisfaction des agriculteurs provençaux ou autres.

Jadis, les habitans de notre petit village avaient du moins plusieurs produits, pour entretenir leur aisance ou l’augmenter. Parmi ces ressources disparues, mentionnons la garance et le chardon, La culture épuisante de la garance n’exigeait pas d’arrosage, mais réclamait beaucoup de fumier et de travail; la plante, mieux adaptée aux terrains légers et substantiels, s’accommodait pourtant assez bien des terres fortes du pays, d’où l’on avait grand’peine à l’expulser complètement après le défrichement final. Les racines de garance s’écoulaient à bon prix sur les marchés de Vaucluse. Souvent, dans des terres même médiocres, on faisait croître du chardon dont on projetait la semence après un labour d’hiver. Deux simples binages se pratiquaient pendant deux étés consécutifs et, au mois de septembre de la seconde année, les chardons montaient en épis. On leur tranchait la tête, aux dépens de la plante qui ne tardait pas à mourir. Ces têtes s’utilisaient pour le cardage des draps fins; les prix, très rémunérateurs, ont dépassé, dans certaines circonstances, 80 francs les 100 kilos.

Les maladies et la baisse des prix ont nui à l’élevage des vers à soie, naguère très pratiqué, comme le témoigne l’abondance des pieds de mûrier, épars dans le pays plutôt qu’agglomérés en plantations continues. Dans les exploitations d’une certaine importance, le cultivateur, propriétaire ou métayer, abandonnait la direction de l’élevage à un homme compétent, venu d’une région