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été autorisé à reprendre officiellement les négociations relatives aux points restant à régler entre le Saint-Siège et le cabinet de Berlin, entre autres à la formation du clergé. Il semblait à ce moment bien certain qu’on était enfin dans la voie d’un accommodement.

Pourtant les pourparlers subirent encore, au mois de mai 1884, un temps d’arrêt, cette fois dans des conditions particulièrement graves. Le Pape éprouvait une surprise pénible de ne pas obtenir, à propos des arrangemens à prendre pour l’éducation du clergé, les assurances amicales par lesquelles il s’était flatté de voir l’empereur Guillaume répondre à la promesse que la démission du cardinal Ledochowski pourrait être acceptée. De son côté, M. de Schlœzer exprimait volontiers son déplaisir de la lenteur qu’on mettait au Vatican à pourvoir au remplacement du cardinal Ledochowski, à Posen.

Y avait-il eu un malentendu ? Ou bien l’une des deux parties avait-elle dérogé au programme sur lequel on croyait s’être mis d’accord ? En un mot, la promesse du Pape de faciliter un arrangement à bref délai était-elle en réalité subordonnée à certaines conditions qui n’avaient pas été remplies ? Le cardinal Jacobini se bornait à dire qu’en refusant tous les candidats proposés par le Saint-Père pour le diocèse de Posen et en s’abstenant de prendre aucun engagement en ce qui regardait l’éducation du clergé, le cabinet de Berlin avait donné au Pape le droit de retirer les concessions qu’il avait promises. De nouveau, la chancellerie pontificale et la diplomatie prussienne tournaient, de l’aveu même du secrétaire d’Etat, dans un cercle vicieux. L’amertume dominait dans l’entourage de Léon XIII, tandis que M. de Schlœzer se plaignait du rôle ingrat que le Saint-Siège lui avait fait assumer et qui le plaçait dans une position fort difficile. Il rappelait que les négociations avaient été reprises six semaines auparavant, le 15 mars, dans les circonstances les plus favorables ; à l’appui de ces assertions, il ajoutait que c’était le Pape lui-même qui l’avait fait appeler à l’improviste un matin, pendant qu’il était en visite chez le secrétaire d’Etat, pour lui annoncer qu’il avait reçu la démission du cardinal Ledochowski.

De ces récriminations si pénibles résultait une crise qui agitait beaucoup les esprits dans l’entourage du Pape. Cependant, et quoique le cardinal Jacobini se déclarât découragé, bien des gens demeuraient persuadés que Léon XIII tenterait de nouveaux efforts pour reprendre les négociations. À ce moment le Conseil