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la position du Saint-Siège vis-à-vis de l’Allemagne. Il ne semblait donc pas que les incidens pénibles, qui avaient, à diverses reprises, interrompu les négociations, fussent près de lasser la patience du Vatican. Quelques semaines plus tard, le Saint-Père décidait d’accepter la démission de l’archevêque de Cologne, comme avait été déjà acceptée en fait celle du cardinal Ledochowski, et d’ouvrir à Mgr Melchers les portes du Sacré-Collège. La nomination du successeur de ce prélat ne devait rencontrer aucune difficulté, et le titulaire du siège d’Ermeland, Mgr Krementz, fut tout de suite agréé à Berlin, mais il était moins aisé de pourvoir au siège de Posen. Mgr Stumpf, coadjuteur de Strasbourg, se trouvant alors à Rome, le Pape l’entretint de la question. « Le prince de Bismarck, dit-il, est très dur ; j’ai été jusqu’à lui proposer successivement pour Posen sept candidats ; il les a tous refusés. Je ne peux cependant pas consentir à remettre ce diocèse à un prélat ne parlant pas le polonais. Il faut que je recommence à chercher. » En même temps le Pape se félicitait d’apprendre, de la bouche du coadjuteur de Strasbourg, que certaines difficultés qui s’étaient produites dix ans auparavant entre le clergé catholique et les autorités allemandes en Alsace-Lorraine avaient à peu près disparu sous l’action personnelle du Stalthalter, le maréchal de Manteuffel, appliquant dans un esprit généralement équitable et bienveillant la législation française qui réglait encore, dans les deux provinces devenues pays d’empire, les rapports de l’Église avec l’État. Les catholiques n’y connaissaient pas les épreuves cruelles qu’avaient eu à traverser, sous le régime des lois de Mai, les fidèles de la Prusse rhénane, de la Westphalie, de la Silésie et de la Pologne prussienne.

Après que le Pape eut créé cardinal Mgr Melchers et préconisé le nouvel archevêque de Cologne dans le consistoire public du 30 juillet 1885, M. de Schlœzer partit encore une fois en congé, sans avoir prononcé un mot d’où l’on pût conclure que la condescendance dont Léon XIII venait de faire preuve allait déterminer le gouvernement prussien à accorder les garanties sollicitées par le Saint-Siège pour l’éducation du clergé. M. de Schlœzer était à Rome depuis près de trois ans ; les deux gouvernemens du Vatican et de l’empire s’étaient beaucoup écoutés, mais non point encore entendus.


ED. LEFEBVRE DE BEHAINE.