et d’entrain, il y a quelques mois, autant aujourd’hui, après des échecs répétés, elle montre d’hésitation et de timidité. Elle use son ardeur dans des conciliabules secrets, dont rien ne transpire, peut-être parce qu’il ne s’y passe pas grand’chose. Une seul fait est certain, c’est qu’elle veut renverser le ministère ; elle le veut bien, elle le veut avec passion ; seulement elle ne sait pas comment s’y prendre. Il est même à craindre pour l’opposition que la cruelle catastrophe du Bazar de la Charité, dont elle avait cru tout d’abord pouvoir tirer des conséquences politiques très importantes, ne produise pas du tout l’effet qu’elle en attendait.
On s’étonnera sans doute que la politique puisse se mêler à une pareille affaire : à quoi ne se mêle-t-elle pas aujourd’hui ? Le respect de la mort, même lorsqu’elle s’est produite dans les conditions les plus atroces, n’arrête pas l’esprit de parti : il s’empare de tout, il se sert de tout. Nous avons déjà parlé de la cérémonie qui a eu lieu à Notre-Dame à la suite de l’incendie du 4 mai. Le président de la République, les présidens des deux Chambres, les ministres ont tenu à y assister. Il était naturel et convenable que le gouvernement prît part à une douleur à laquelle tout le monde civilisé s’était associé, et qu’il donnât à l’expression de son sentiment une forme religieuse, dans le sens le plus général et le plus élevé du mot. M. Brisson, président de la Chambre des députés, n’a pas plus hésité que M. Loubet, président du Sénat, et que M. Félix Faure, président de la République, à se rendre à Notre-Dame. Tous les pouvoirs publics, sans exception, y ont été représentés. C’était une raison, sans doute, pour que toutes les convenances y fussent ménagées. Au spectacle d’union, on pourrait presque dire de communion morale qui était donné, devaient correspondre des paroles inspirées par un large sentiment de solidarité humaine : prononcées au nom d’une autorité supérieure à l’homme, elles n’en auraient été que plus puissantes. Les choses ne se sont pas passées ainsi. Le discours du prédicateur de Notre-Dame a été jugé universellement malheureux. Il a fait dissonance avec le sentiment public. Ce n’est pas à nous à rechercher s’il était conforme à des dogmes qui échappent à notre compétence. Mais il y a temps pour tout. Il y en a pour prêcher le dogme dans sa sévérité la plus rigoureuse ; il y en a pour prêcher la charité dans ses notions les plus accessibles à la faiblesse de notre nature. C’était ou jamais l’occasion dans cette rencontre, et il est regrettable que le Père Ollivier ne l’ait pas compris ; mais il est plus regrettable encore qu’avant de lui donner la parole, ses supérieurs ne se soient pas enquis de ce qu’il dirait. L’Église a