pour répondre à une thèse produite et soutenue non seulement en dehors de la Chambre, mais encore dans une circonstance qui n’avait rien de parlementaire, ni même de politique. Il n’avait pas le droit, lui, élu par la majorité, mais devenu le président de tout le monde, de blesser la conscience de la minorité, et cela sans que personne pût lui répliquer. Il y a deux hommes en lui, et il a eu le tort de l’oublier : M. Brisson, dont on peut aimer ou n’aimer pas les idées, approuver ou ne pas approuver les principes, goûter ou ne pas goûter l’éloquence, et le président, qui n’a point à parler en son nom à lui, ni au nom d’un parti, mais au nom de la Chambre tout entière. Manquer à cette règle constitue un abus que le vote d’affichage ne couvre pas, et qu’il aggrave même, puisqu’il accentue en quelque sorte et qu’il souligne le défaut d’impartialité qui caractérise un pareil acte. Après cela, le ministère n’aura pas sans doute à se plaindre de l’intervention de M. Brisson. Au moment où la Chambre s’est réunie, les nuages étaient chargés d’électricité : il fallait qu’une décharge se produisît. M. Brisson, dans son impatience de répliquer au Père Ollivier, a probablement joué le rôle de paratonnerre. Le succès qu’a eu son discours au Palais-Bourbon tient moins au discours lui-même qu’aux dispositions de l’auditoire. Les esprits étaient émus, les consciences étaient troublées. La courte harangue présidentielle a servi d’exutoire à un sentiment qui était général, et qui devait saisir la première occasion de s’épancher. Une interpellation va avoir bleu sur le Bazar de la Charité, — elle se sera sans doute produite au moment où paraîtra notre chronique ; — mais elle n’intéresse déjà plus personne. Tout ce qu’on voulait dire a été dit. On ne pourra plus que se répéter ; l’effet est épuisé.
Et cela est heureux, parce que l’arme principale dont paraissent vouloir se servir contre le ministère les radicaux et les socialistes est tirée du péril clérical. Nos lecteurs auront peut-être quelque peine à le croire : le péril clérical, conjuré pendant quelques années par une politique énergique, est aujourd’hui, parait-il, plus inquiétant que jamais. La principale raison qu’on en donne est que le clergé a presque partout désarmé, et que le ralliement à la République est, sur l’ensemble du territoire, un fait accompli. Il en résulte des mœurs politiques, et même des mœurs administratives un peu nouvelles, au milieu desquelles les vieux républicains sont complètement désorientés. Au désarmement qui s’est produit d’un côté a répondu, de l’autre, un relâchement des rigueurs d’autrefois. Cette détente est-elle un mal ? Les radicaux l’affirment ; les socialistes s’en montrent convaincus. Ils se répandent dans les couloirs des Chambres, répétant