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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 141.djvu/83

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contrôle continu auquel il aurait été soumis si, obligé de travailler à Paris, il eût été exposé à tous les commentaires et les commérages de la cour. Il fut donc convenu qu’il aurait toute latitude pour peindre à Anvers ces grands ouvrages; mais il devrait se mettre aussitôt à la besogne et revenir à Paris lorsque huit ou dix de ces peintures seraient terminées afin de voir l’effet qu’elles produiraient en place. Une somme de 20 000 écus lui était allouée pour la décoration des deux galeries. Rubens n’avait pas négligé d’ailleurs de s’entourer des renseignemens qu’il jugeait nécessaires pour son travail et il avait fait d’après Marie de Médicis deux croquis, légèrement indiqués au crayon et à la sanguine, pris l’un de profil, l’autre de trois quarts, et qui appartiennent au musée du Louvre. Il avait su, sans doute aussi, se concilier la bienveillance du roi Louis XIII, car celui-ci l’avait chargé en même temps d’une autre commande également très importante, celle d’une suite de douze compositions destinées à être reproduites en tapisseries et représentant L’Histoire de Constantin. C’était là un travail fait pour lui plaire et rien ne lui était plus facile que de traiter un sujet auquel la suite des cartons déjà exécutés par lui pour l’Histoire de Decius Mus l’avait préparé et qu’avec sa connaissance de l’antiquité romaine, il pouvait très rapidement mener à bonne fin.

On conçoit que les démarches et les débats nécessités par ces commandes avaient pris bien du temps. Mais Rubens trouvait à se dédommager de ces ennuis dans le commerce des hommes distingués avec lesquels il avait à ce moment noué des relations. Ce n’était pas cependant parmi les peintres qu’il pouvait rencontrer des fréquentations à son goût. La France n’en comptait guère alors qui fussent un peu en vue. Martin Fréminet venait de mourir en 1619, et les artistes de la génération nouvelle, que leurs aspirations portaient vers l’Italie, allaient peu à peu s’y fixer. Simon Vouet, parti en 1612, y restait jusqu’en 1627. Poussin, âgé alors de vingt-huit ans, mais employé jusque-là à des travaux secondaires, n’avait encore rien produit qui pût attirer sur lui l’attention, et deux ans après, d’ailleurs, il partait aussi lui-même pour Rome, où Valentin et Claude Lorrain devaient bientôt le suivre pour y demeurer, comme lui, jusqu’à leur mort. Quant à la colonie étrangère établie à Fontainebleau, aux Italiens qu’y avait attirés François Ier et aux Flamands, comme Ambroise Dubois et Toussaint Dubreuil, qui les avaient remplacés, le talent, bien