moindre, on réclame un recrutement plus aristocratique des jurés, un cens plus élevé, le grade de docteur.
En tous pays d’ailleurs, quel que soit le système en vigueur, d’innombrables projets proposent des réformes.
De tant d’idées émises ou pratiquées, dégageons maintenant nos conclusions personnelles sur ce problème initial du recrutement du jury.
Nous l’avons dit, au point de vue de la composition des liâtes du jury, notre système actuel, qui exclut à la fois les plus hautes personnalités de la nation et le vaste élément populaire, nous paraît offrir tous les inconvéniens. Mais en quel sens l’amender ? Faut-il offrir un champ plus étendu au choix des commissions de sélection ? Ou faut-il au contraire restreindre encore cette liste, et faire des fonctions de juré l’apanage de certains groupes haut placés sur l’échelle sociale ?
Nous sommes, quant à nous, opposé à cette dernière solution, opposé au système des catégories. Nous ne croyons pas qu’il y ait des chances plus sérieuses de rencontrer le juré idéal parmi les mandarins de la science ou de l’argent que dans les autres groupes de la société.
Qu’est-ce d’ailleurs que le juré idéal ? Pour définir la classe dans laquelle il se trouverait plus particulièrement, il faudrait peut-être le définir lui-même. Or, maint projet de loi et mainte circulaire ont essayé sans grand succès de formuler cette définition ; c’est là, à notre avis, une entreprise purement littéraire, qui conduit à des phrases plus ou moins sonores, mais dépourvues de précision.
Faustin Hélie voulait pour le juré « une instruction ordinaire » avec « ce sens commun qui saisit les preuves de la vérité ». A suivre époque par époque ces définitions des jurisconsultes, on voit que chacune d’elles reflète la philosophie du jour et demande au juré les facultés et les méthodes que l’auteur a dû reconnaître à son philosophe préféré.
Les circulaires brodent de vagues adjectifs leurs conceptions vagues ; elles voudraient voir sur la liste des hommes « instruits, probes, recommandables par leurs lumières, leurs vertus, leur patriotisme. » Dufaure, en 1872, exigeait du juré « une existence respectable, une capacité suffisante, une indépendance absolue. »