sur les gradins de la Plaza des taureaux à Séville. Comme dans le tableau de M. Tissot, et par un effet connu dans les pays méridionaux, les personnages, sous la lumière crue, se plaquent les uns contre les autres, sans que la délicatesse des dégradations intermédiaires qui, dans la réalité, relient toujours les objets, y soit suffisamment recherchée ; mais les plus importans de ces personnages sont campés avec une telle résolution, presque tous leurs visages sont caractérisés avec une telle liberté, les tons hardis et triomphans donnés par la nature sont juxtaposés avec une telle hardiesse, il y a, en un mot, dans cette œuvre incomplète, mais robuste, tant de franchise, de loyauté, de santé, qu’on incline à y voir le début d’un grand peintre, si M. Richon-Brunet se complète avec réflexion et méthode, comme le font espérer les progrès accomplis par lui depuis deux ans.
Presque tous ces nouveaux coloristes (et c’est ce qui nous en réjouit) semblent donc comprendre que l’étude attentive des formes ne leur est pas moins nécessaire qu’aux rêveurs monochromes, et qu’un joyeux assortiment de notes brillantes ne suffit pas à retenir longtemps les yeux. Dans le portrait, notamment, dans la réunion de portraits plus encore, si derrière la tache provocante ou caressante vous ne trouvez pas un visage complet, modelé à sa distance, une physionomie expressive et vraie, serez-vous complètement satisfait ? C’est une inquiétude de ce genre qui limite seule notre joie devant la réunion de Portraits dans un intérieur, par M. Lucien Simon. Sur le devant, une vieille dame, assise sur un canapé, près d’une jeune fille, tient sur ses. genoux un jeune garçon. A sa gauche, une autre jeune fille, les mains croisées sur les genoux, dans son fauteuil, et une jeune dame, en robe noire et corsage rayé de jaune, sur une chaise. Derrière le fauteuil, s’y accoudant, un homme d’âge moyen. Les murs sont couverts de petits tableaux. L’atmosphère paisible et tiède qui enveloppe toutes ces honnêtes figures accorde toutes les clartés des carnations et des linges avec toutes les teintes assombries et profondes des vêtemens dans une harmonie vigoureuse et souple. La qualité des étoffes, des chairs, des accessoires est rendue sans affectation ni minutie, avec une sincérité et une force remarquables. Les physionomies, également, sont indiquées avec une grande délicatesse ; mais pourquoi quelques-unes demeurent-elles seulement indiquées, alors qu’à la distance où l’on regarde la toile, et, pour être à l’unisson des accessoires