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pouvions être d’accord entre nous trois, la paix serait bientôt faite. » Cobenzl, à son tour, se réserva d’en écrire à Vienne. Si l’on devait s’entendre, ce ne pouvait être que grâce à de nouveaux dédommagemens. Il toucha quelques mots de ceux de l’Autriche. Il regrettait toujours, dit-il que Bonaparte les eût refusés en Italie. « Mais, dit Treilhard, alors la République cisalpine serait détruite ; elle est affiliée à la France, et l’une ne peut subsister sans l’autre. — La République cisalpine, réplique Cobenzl, aurait toujours subsisté ; il ne s’agissait que de la borner à peu près à ce qui était spécifié pour elle dans les préliminaires de Leoben, et d’ajouter à la frontière que ces mêmes préliminaires nous assignaient : Venise et les trois Légations. — Ce serait peut-être encore une chose à examiner », opina Treilhard pour encourager Cobenzl aux confidences. Ils en vinrent à parler de Rome, où le pouvoir du Pape était plus que précaire. Cobenzl s’étendit sur l’intérêt que toutes les cours catholiques avaient à la conservation du gouvernement pontifical ; il estimait, toutefois, qu’en le déchargeant des Légations, on lui faciliterait les moyens de conserver le reste. Ils « causaillèrent » ainsi, et Treilhard demeura convaincu que si l’on « n’enlevait » pas le vote de la députation, l’Autriche serait exigeante et qu’il faudrait payer chèrement son concours.

Le Directoire était décidé à tout lui refuser en Italie. Il se disposait à envoyer à Vienne un ambassadeur. Il désigna pour cette mission, où l’on devait négocier à coups d’ultimatums, un général qui passait alors pour très républicain, et rehaussait de sa belle mine gasconne des discours péremptoires, à la jacobine, Bernadotte. Il déclarerait que, si l’Autriche ne voulait pas s’exposer à une reprise des hostilités, elle devait s’abstenir de contrarier la politique française en Italie. Elle pourrait, en revanche, tourner ses ambitions d’un autre côté. La République ne laisserait pas se consommer, sans réclamer sa part, un démembrement de l’empire ottoman ; elle chercherait cette part sur les rives de la Méditerranée ; mais, le cas échéant, l’Autriche pourrait chercher la sienne vers le Bosnie, vers la Serbie… Quant à l’Allemagne, il faut que l’Autriche s’y montre complaisante ; c’est là seulement qu’elle peut obtenir ce qu’elle appelle ses dédommagemens.

Mais, ni l’Autriche ni la Prusse ne voulaient céder avant d’être sûres qu’on les paierait. Le Directoire prétendait obtenir le