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figure de Zénobie (en araméen Batzebinah) lui faisait pendant. Sur le socle, la reine est qualifiée de pieuse et de juste. Ces deux représentations, probablement iconiques, ont été érigées par deux Septimiens, Zabda, général en chef, et Zabbaï, général de Palmyre, en 271 ; c’était deux ans avant la destruction de la ville et de l’État Palmyrénien, au moment de la rupture avec Rome. A partir de cette époque, il n’y a plus, je crois, d’inscriptions datées. Elles sont quelquefois en latin, comme celle qui a trait à Dioclétien. Mais elles ne rentrent pas dans notre sujet.

Ces données, quoique très sommaires, seront utiles à ceux qui voudront comprendre les ruines de Palmyre et la vie qui animait cette grande cité. En réalité, placée sur les confins de deux puissans empires, elle jouissait, avant d’être devenue la capitale d’un royaume, d’une sorte d’indépendance. Elle avait un prince, un sénat et des assemblées populaires. Les citoyens y formaient différentes tribus. L’empereur y nommait des représentans de son autorité choisis parmi les habitans du pays. Odeynath avait reçu le commandement des armées romaines de l’Orient, mais il y avait aussi des troupes et des généraux indigènes. Le commerce était considérable ; les chefs de caravane étaient des personnages importans, auxquels on érigeait aussi des statues. Des magistrats spéciaux veillaient sur les marchés. Les arts et les lettres étaient en honneur dans la métropole des colonies du désert. Une tolérance religieuse absolue semble avoir régné à Palmyre. Il y avait certainement des juifs à demeure dans la ville, puisqu’on y voit encore le tombeau d’une famille israélite. Le christianisme s’y introduisit si facilement, qu’on ne sait à quelle date. Au milieu des persécutions, les chrétiens n’eurent jamais à y souffrir.

Il est évident que Palmyre alla toujours en déclinant à partir du IIIe siècle. La restauration qu’en fit Aurélien après l’avoir renversée, les constructions qu’y élevèrent Dioclétien et Justinien à de grands intervalles de temps, ne lui rendirent pas sa prospérité passée ; sa population avait été anéantie et son esprit avait disparu. On sait qu’elle fut visitée au XIIe siècle par le rabbin Benjamin de Tudèle, et au XIIIe siècle par un Arabe : Aboulféda. Puis ses ruines ont été oubliées jusqu’à la fin du XVIIe siècle, où elles furent comme découvertes par des négocians anglais qui résidaient à Alep. Enfin, en 1751, elles furent étudiées par un autre Anglais, nommé Wood, qui les a dessinées et décrites dans un très bel ouvrage. Wood resta quinze jours à Palmyre, et malgré le