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parce que, de ce côté, les tribus étaient en guerre. Puis les chameaux avaient pris peur et s’étaient enfuis au loin. On les avait repris, non sans qu’ils eussent terriblement secoué les caisses contenant les moulages, les négatifs photographiques et quelques débris tirés des ruines ; tout cela s’était trouvé fort endommagé. Enfin après huit jours de voyage et d’appréhensions, M. Bertone rentrait à Damas ; il était sain et sauf.

Au moment où, pendant son séjour à Palmyre, il était si loin de tout secours, les passions religieuses qui produisent en Turquie des effets si terribles commençaient à s’émouvoir. La bonne fortune a voulu qu’il échappât à ce danger. Il l’a dû certainement aux ordres venus de Constantinople, mais aussi à son courage et à sa prudence. Notre consul à Damas, M. Guillois, a rendu le témoignage le plus honorable de notre voyageur ; en réalité, il a toujours été respecté. Le jeune Effendi, — c’est ainsi qu’on nommait M. Bertone, — était reconnu comme un chef. Près de lui, ses compagnons ne couraient aucun risque ; c’était avec lui que l’on traitait. Chose à noter ! son extérieur est des plus délicats ; c’était donc par la volonté et par la contenance qu’il imposait. Du reste, il n’a cessé de se louer du concours qu’il a rencontré de toutes parts. Il semble que l’on ait été touché de l’abnégation absolue avec laquelle il affrontait une vie de privations et de dangers. Avec M. Saint-René Taillandier, qui l’accueillit si bien à Beyrouth, avec M. Guillois et M. Bertrand qui veillaient sur lui de Damas, il met au premier rang des personnes qui lui sont venues en aide M. Baudouy, inspecteur divisionnaire des revenus de la Dette ottomane, et administrateur des salines situées à quelque distance de l’oasis. Il a reçu de ce distingué compatriote de signalés services. Il a contracté envers tous des obligations qu’il n’oubliera jamais.

Aussitôt revenu à Damas, M. Bertone s’empressa d’aller visiter Balbek. Il put en comparer les monumens à ceux qu’il venait d’étudier. Il vit leurs différences et leurs points de conformité ; car, ici comme là-bas, il s’agit d’art gréco-syrien. Mais à Balbek une part importante doit être faite à l’influence romaine.

A mon sens, l’intérêt qu’offre ce genre de parallèle est très grand. Il s’accroît quand la comparaison s’étend à des œuvres créées dans d’autres milieux. La pression exercée sur les provinces par le génie de Rome et l’action réflexe des peuples conquis sur la métropole ont été considérables. On remarque dans la littérature