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de son pays. MM. Rutherford et William Butcher ne sont pas moins dignes d’être mentionnés : le premier, qui a pris ses grades à Saint-André, est l’auteur d’une Contribution à l’étude du dialecte attique, traduite en français, et dirige aujourd’hui l’école de Westminster ; le second a écrit des commentaires sur la poétique d’Aristote et des Essais sur quelques aspects du génie grec qui ont été fort prisés par un juge compétent[1].

On sait que James Mill (d’Édimbourg) avait enseigné si bien et sitôt le grec à son fils Stuart qu’à huit ans il était capable de lire Homère et Platon couramment.

Entre le grec et la philosophie le lien s’aperçoit facilement ; il faut connaître la langue de Platon, d’Aristote ou de Philon pour faire un sérieux apprentissage de la philosophie. Cela ne suffit pas, il est vrai ; mais à cette connaissance, les Écossais joignent un esprit méditatif, de la sagacité, de la logique qui les préparent admirablement à cette étude. Le pays de Hume et de Hamilton, de Reid et de Dugald-Stewart n’a pas cessé d’enfanter des psychologues de valeur. Au premier rang, il faut placer Alexandre Bain, né en 1818 à Aberdeen, d’une famille d’artisans et qui, à force de patience et de génie, a fait mentir le proverbe : « Nul n’est prophète dans son pays. » Après avoir enseigné à Glasgow et exercé les fonctions d’examinateur à l’Université de Londres, il a été appelé à Aberdeen à la chaire de logique et de littérature anglaise et deux fois élu recteur de l’Université. Bien qu’il se rattache, comme James et Stuart Mill, qu’il a beaucoup étudié, à la tradition de l’école écossaise, par sa psychologie expérimentale, Bain l’a radicalement modifiée en y introduisant la méthode des sciences naturelles. Quel ami de la philosophie n’a lu ses pénétrantes études sur les émotions et la volonté, sur le caractère et sur la science de l’éducation ?

Le Rev. John Caird est actuellement principal de l’Université de Glasgow, après avoir été pasteur à Édimbourg. Il a donné, en 1814, à l’ouverture de la session d’hiver des cours de Glasgow, une leçon sur l’unité des sciences, qui témoigne d’une grande variété de connaissances et d’une profondeur de dialectique et il a publié, en 1881, une Introduction à la philosophie de la religion, qui le met de pair avec les penseurs les plus originaux de France ou d’Allemagne. M. Robert Flint, professeur de la

  1. Voir l’article d’Alfred Croiset, dans la Revue française : d’Edimbourg, mars 1897.