Luttes entre l’Église et l’État
au XIXe siècle
I
LES CAUSES
I
Nul n’aura de justice ni même d’intelligence pour les difficultés religieuses de notre époque s’il ne s’est d’abord rendu compte que la situation de l’Église dans la société contemporaine est un compromis illogique entre les principes contraires de l’ancien régime et de la Révolution.
L’ordre établi par l’Église elle-même, quand elle civilisa les barbares, et debout encore en 1789, reposait sur cette certitude que Dieu a révélé aux hommes, avec le christianisme, les lois conformes à leur nature et nécessaires à la vie des sociétés. Assurer à ces lois la fidélité des peuples paraissait le devoir essentiel des gouvernemens. Par ses institutions fondamentales, le régime de la famille, l’enseignement, les devoirs des classes les unes envers les autres, l’État sanctionnait les préceptes chrétiens ; par les respects et les privilèges accordés au clergé, aux moines, aux corporations pieuses, il aidait à la durée et à l’accroissement de l’influence religieuse ; par ses contraintes il préservait contre la discussion,