Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 142.djvu/805

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
BEETHOVEN
ET SES NEUF SYMPHONIES

Beethoven and his nine symphonies, by George Grove, C. B. — London and New-York ; Novello, Ewer and C°, 1896.

Ce livre manquait, et rien n’y manque. Il épuise momentanément un grand sujet, le plus grand peut-être qui s’offre à la critique musicale et la défie. C’est en musicien d’abord, et en musicien consommé, que l’écrivain anglais écrit de musique. Il parle véritablement des symphonies de Beethoven et non point à propos des symphonies ou à côté. Rien de ce qui les constitue ne lui est étranger ; rien ne lui est indifférent de ce qui les touche. Les étudiant l’une après l’autre et dans l’ordre chronologique, il en considère d’abord l’organisme et comme l’être spécifique : les thèmes, les rythmes, les timbres. Entre ces élémens premiers il observe ensuite quels rapports s’établissent ; quelles réactions, quels développemens s’ensuivent, en quel sens, dans quel ordre et vers quelle fin. Puis, du fond et de la substance même il passe aux accessoires et aux alentours. Il recherche les antécédens, parfois aussi les conséquences. Curieux des origines, il ne l’est pas moins des analogies. Constamment il rapproche et il compare. Commentateur de formes illustres, il aime à s’en faire l’historien, et leur fortune autant que leur beauté l’intéresse. Il n’omet ni une ébauche, ni une copie, ni même une variante, et jusque dans l’essai, l’effort, dans les corrections et les retouches, il épie les secrets du génie et ceux du travail, qui parfois se confondent.