Son refus de livrer l’Italie à l’Autriche, va décider l’Autriche à s’emparer de l’Italie. Les Anglais, libres sur mer, vont trouver des alliés sur le continent. La conquête de l’Egypte va leur assurer le concours de la Russie et celui de l’Empire ottoman, et l’on verra le Russe, l’Anglais et le Turc réunis contre la France par les mêmes motifs qui les réuniront encore en 1840. Enfin la pression exercée sur Naples va décider cette cour à se jeter dans les bras des Anglais. La victoire des Anglais va lui donner l’audace d’attaquer la République, et ce sera l’étincelle qui, partie des extrémités de l’Italie, décidera l’explosion générale. Voilà les conséquences de la journée d’Aboukir ; et c’est ce qui en fait une date dans l’histoire de la Révolution. Ce n’était qu’une défaite maritime, une défaite lointaine, le blocus de 40 000 hommes et d’un général ; mais ce général était le plus illustre des généraux de la République et le plus redouté en Europe ; enfin c’était une défaite retentissante et telle que les Français n’en avaient point éprouvée depuis 1793. Tout avait semblé fatal, inexplicable, diabolique dans leur triomphe ; cet échec parut providentiel ; il sembla que l’histoire changeait de cours, et le reflux commença.
ALBERT SOREL.