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lui vient donc cette célébrité, et qu’a-t-il mis dans son œuvre qui lui ait valu un si rapide et si éclatant succès ?

Si l’on en excepte de nombreux articles de journal, et quelques nouvelles assez insignifiantes, l’œuvre de M. Peter Nansen tient tout entière en cinq romans : Un heureux mariage, le Journal de Julie, Marie, la Paix de Dieu et la Première année à l’Université. Je viens de les lire tous les cinq, dans leur suite, puisque aussi bien M. Poppenberg m’avait prévenu qu’ils étaient « comme les branches d’un grand arbre » ; et je veux essayer d’abord d’en raconter les sujets, le plus brièvement, mais le plus exactement possible.

Iermer, le héros d’Un heureux mariage, apprend le mariage d’un de ses camarades de collège, Mogensen, avec une très jolie jeune fille qu’il a deux ou trois fois remarquée dans la rue. Il s’empresse de renouer connaissance avec Mogensen, devient l’amant de sa femme ; et le ménage à trois mène la vie la plus douce et la plus paisible, jusqu’au jour où Mme Mogensen introduit dans la maison un nouvel ami, un jeune viveur, dont Iermer ne manque pas d’être bientôt jaloux. Explication, querelles, menaces de rupture. Et comme Mme Mogensen s’obstine à ne point chasser le nouvel ami, Iermer, exaspéré, engage le mari à surveiller ses sorties. Mais le mari a dans la vertu de sa femme une confiance que rien ne saurait ébranler : il transporte sur le second amant l’affection qu’il avait accordée au premier ; et à la fin du livre, Iermer, marié lui-même et déjà trompé, apprend que son remplaçant auprès de Mme Mogensen est à son tour sur le point d’être remplacé.

Le Journal de Julie nous raconte les aventures psychologiques d’une petite jeune fille de bonne race bourgeoise qui se désole de la médiocrité de son entourage, et s’ennuie, et pleure, rêvant d’un prince inconnu qu’elle pourrait aimer. Elle trouve son prince, un beau jour, sous les espèces du comédien Alfred Mœrk ; aussitôt elle lui écrit ; le comédien répond, et des relations galantes ne tardent pas à s’engager entre eux. Mais Julie est trop amoureuse du comédien ; elle le fatigue de ses lettres interminables, de ses continuels rendez-vous ; et Alfred Mœrk finit par lui déclarer qu’il en a assez d’elle.

Marie porte en sous-titre : le Livre de l’Amour. C’est l’histoire d’un jeune homme qui, après avoir séduit la jeune et naïve Marie, essaie de l’abandonner, pour passer à d’autres conquêtes. Mais il découvre que son cœur est pris. Et comme sa maîtresse est sur le point de se marier, il convient avec elle qu’elle devra se partager entre son mari