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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 144.djvu/194

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POÉSIE
L’ARBRE DE LA ROUTE


LA HALTE



Viens. L’Arbre du repos est au bord de la route ;
Son tronc tremble de lierre, et son ombrage est frais,
Et le frisson d’une eau dont la source est auprès
Au tremblement léger de ses feuilles s’ajoute.

Restons là. Que la nue aux feuilles, goutte à goutte,
Pleuve ou que le soleil les perce de ses rais,
Nous verrons, du pré vert ou du jaune marais.
Venir le char qui grince et la chèvre qui broute.

Devant nous, les Travaux et le Temps et l’Amour
Vont passer. Vois ! pieds nus, sandale ou sabot lourd,
La faucille, la fourche ou la faulx à l’épaule ;

Ils portent la corbeille ou l’amphore ou le van ;
Et nous entendrons fuir sur l’herbe qui les frôle
Le doux pas de la pluie et les ailes du vent.