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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 144.djvu/306

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LE COMMUNISME EN AMÉRIQUE

LE COMMUNISME DANS LA REALITE

« Chère S... Nous nous réjouissons de te recevoir, toi et ton amie de France. Au jour que tu indiques, j’irai t’attendre à la station et j’espère que le beau temps favorisera votre visite.

« A jamais ton ami,

« Henry. »


Tel fut le billet, d’une très belle écriture, que reçut un matin miss S. J. priée de m’introduire chez les Shakers. Il pourrait donner à ceux qui ne sont pas initiés l’idée d’une certaine familiarité entre elle et cet Henry qui n’est autre qu’un Elder (Ancien) parmi les Trembleurs d’Alfred (Maine). Ceux-ci, de même que leurs aînés les Quakers, ont l’habitude générale du tutoiement, et aucun titre, aucune marque de distinction n’a cours parmi eux, de sorte qu’ils proscrivent les vains mots, monsieur, madame ou mademoiselle. — S. J. n’est qu’une assez proche voisine et une très ancienne connaissance de la Société, sans lui appartenir si peu que ce soit de son plein gré, ce qui ne prouve pas que les Shakers soient du même avis, car ils considèrent comme étant dos leurs, au fond, tous ceux qui pratiquent le célibat, sont détachés de l’égoïsme, le mal suprême, et ont par leurs vertus conquis dès ce monde le royaume de Dieu. Réunissant toutes ces qualités avec d’autres que les Trembleurs ne sont pas incapables d’apprécier, puisque leurs chefs tout au moins semblent au courant des choses de ce monde, S. est bien un peu Trembleuse