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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 144.djvu/333

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à visiter New Lebanon. — Il est clair, d’après le récit de George Wickersham, qu’il vit dans cette concession un miracle ; miracles aussi tous les incidens de son voyage, miracle la rencontre d’un Shaker qui lui servit de guide. Le mot n’est pas prononcé, mais Wickersham sent que la Providence l’a tenu par la main. Et, arrivé à New Lebanon, qui retrouve-t-il pour comble de merveille ? Une cinquantaine de membres de la société défunte de Valley Forge qui, ayant lu avec édification les livres sur l’Eglise millénaire, étaient venus en ces lieux chercher le royaume céleste.

« Ils étaient de ceux, nous dit George Wickersham, pour qui la bienveillance et la sympathie n’existaient pas seulement en apparence. Un sentiment religieux les unissait tout de bon. Quand un de ceux-là avait découvert quelque chose d’avantageux, il en faisait part à ses frères, et de cette manière ils s’étaient attirés les uns les autres à New Lebanon. » Wickersham avait déjà compris qu’une communauté ne peut exister par l’unique raison que la propriété des biens est également à tous, tandis que sous d’autres rapports les copropriétaires vivent selon les us et coutumes du monde ; il faut former une famille, considérer le bonheur des autres avant le sien. « A mon arrivée, dit-il, je n’avais pas grande foi dans la confession des péchés telle que la pratiquent les protestans, une confession faite à Dieu en gros et sans rien mentionner sous prétexte que Dieu sait tout. Ce n’est pas là ce qui peut arrêter personne dans le mal. Mais quand j’eus compris qu’il s’agissait de mettre l’état de notre âme et les conditions de notre vie sous les yeux d’un témoin vivant en lui découvrant les erreurs de la nature humaine, telles qu’elles sont en nous, à la lumière de la vérité, quand je vis qu’il s’agissait d’un honnête aveu fait à des hommes plus rapprochés de la perfection que nous-mêmes, mon parti fut pris aussitôt de devenir Shaker ».

La confession shaker ressemble beaucoup à celle que prescrit l’église catholique, sauf que le pénitent ou la pénitente recourt à une personne de son sexe et qu’il n’y a pas d’absolution, mais la simple promesse que les péchés sont remis au repentir.

« Depuis lors, ajoute-t-il, j’ai rencontré bien des croix, mais en conservant mon entière confiance aux anciens qui veillent sur les intérêts spirituels de notre famille, je vis dans une union bénie avec mes frères et sœurs, et j’apprends cette importante leçon : « L’obéissance vaut encore mieux que le sacrifice. »