dans la Confédération. Hambourg d’une part, Francfort de l’autre, étaient des marchés considérables. D’anciennes maisons, à qui un crédit hors de pair donnait une situation de premier ordre, faisaient participer ces places à l’ensemble des opérations d’arbitrage, qui formaient alors un des objets essentiels de l’activité des banquiers. L’Allemagne du Sud fut de tout temps remarquable par l’intensité de sa vie financière : au moyen âge il existait à Nuremberg, à Ulm, à Augsbourg, des Chambres de commerce. L’histoire d’une dynastie comme celle des Fugger fait partie de celle de la ville où leur maison est née et où elle a grandi : elle montre, dès le commencement du XVe siècle, la place qu’une maison de banque d’Augsbourg tenait dans la vie politique de l’Europe[1]. Mais l’Allemagne d’aujourd’hui ne ressemble plus à celle d’autrefois. Après avoir longtemps, soit à cause de son morcellement politique et territorial, qui ne laissait subsister que des États de peu d’importance, soit à cause d’une certaine lenteur de conception de ses habitans, été à la remorque des autres pays, elle cherche aujourd’hui à prendre la tête du mouvement commercial et industriel dans le monde. Les échos du palais de Westminster retentissent encore des doléances que certains députés anglais ont fait entendre sur la concurrence allemande ; la fameuse proposition de coller sur toutes les marchandises germaines l’étiquette « fait en Allemagne », qui eût constitué pour elles la plus admirable des réclames, n’a pas été votée : le bon sens d’Albion en a fait justice. Il n’en est pas moins certain que, non seulement le commerce d’exportation allemand marche à pas de géant, mais que des maisons allemandes prennent, dans beaucoup de pays d’Amérique et d’Asie, la place de maisons anglaises : en Chine, par exemple, et aux Indes, domaine naturel de ces dernières.
Du tableau économique de l’Allemagne, qu’il est nécessaire de mettre sous les yeux de nos compatriotes, nous allons dégager en première ligne ce qui concerne le marché financier, La puissance en est la mesure de la prospérité générale, puisque, dans l’organisation de nations modernes, les entreprises industrielles et même commerciales tendent de plus en plus à adopter la forme de sociétés par actions, et que ces titres viennent, pour la plupart, se négocier aux différentes bourses.
Nous pouvons dès l’abord remarquer que l’Allemagne a surtout
- ↑ Voir l’ouvrage du professeur Richard Ehrenberg : l’Age des Fugger.