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L’EUROPE ET LE DIRECTOIRE

IV.[1]
LA PERTE DE L’ITALIE. — LA FRANCE EN DANGER


I

La guerre commença mal pour la République. Masséna avait hardiment poussé sa pointe dans les Grisons ; mais Jourdan, battu par l’archiduc Charles, forcé d’ailleurs de couvrir Bernadotte, fut contraint de se replier sur le Rhin. En Italie, Schérer attaqua et se fit rejeter sur l’Adda. Jourdan laissa son armée à Ernouf, et, faute d’avoir repoussé les Allemands, vint à Paris cabaler avec les Jacobins contre le Directoire. C’est un « talonneur », disaient les Directeurs, qui le redoutaient dans les Conseils, « un irrésolu, qui perd la tête au premier échec, un général inepte… » Là-dessus arriva, 12 avril 1799, une lettre de Bonaparte du 10 février. Il annonçait sa marche sur la Syrie et ajoutait : — Si les nouvelles de guerre se confirment et « que la France soit en armes, je passerai en France. »

La retraite des armées républicaines en Italie et sur le Rhin eut son contre-coup à Rastadt et dans les petites cours d’Allemagne. Le Directoire était en négociations avec ces princes pusillanimes et avides, dont toute la politique était, comme toujours, de n’être point dévorés par l’Autriche et de dévorer, grâce à leur

  1. Voyez la Revue des 15 juillet, 16 août et 15 septembre.