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Ramassant tout ce qu’il put trouver d’hommes, il se hâte vers le nord. Ses mouvemens sont mal concertés avec ceux de Moreau. Il bat les Autrichiens, mais Souvorof arrive sur lui et change la défaite des Impériaux en victoire, 17-19 juin, à la Trebbia. Sur 34 000 hommes qu’il avait rassemblés, Macdonald laisse 5 000 morts, 12 000 blessés et prisonniers. Il n’a de ressource qu’une retraite rapide sur la rivière de Gênes. Le jour même où cette bataille assurait aux alliés le nord de l’Italie, la garnison française laissée à Naples capitulait, et le roi Bourbon était appelé, par une populace en délire, à venir présider le spectacle des vengeances, le grand autodafé qu’il devait aux lazzaroni. ¬¬¬

IV

Pour être moins tragique, la guerre en Allemagne et en Suisse n’en tournait pas moins à la retraite. Jourdan et Bernadotte avaient quitté l’armée pour se jeter dans la politique. Masséna reçut le commandement en chef ; il rappela Lecourbe, qui s’était trop aventuré dans l’Engadine ; mais les Autrichiens le délogèrent de Zurich et le forcèrent à se replier, à quelque distance, dans des positions où il se retrancha, se renforça et attendit les événemens. Ces événemens furent ce qu’on devait prévoir : l’insurrection des cantons suisses, à mesure que les troupes françaises les évacuèrent ; la défection des prétendus amis et associés d’Allemagne.

Le Bavarois, sans rompre avec la France, afin, le cas échéant, d’obtenir des indemnités pour ses États de la rive gauche, se réconcilie avec le tsar, fait amende honorable à l’ordre de Malte, moyennant quoi Paul lui garantit son héritage, y compris les États de la rive gauche. Le roi de Prusse et ses ministres pressentent les temps attendus, les temps qu’ils attendront jusqu’en 1806, qu’ils ne connaîtront qu’en 1813 et après quelles épreuves ! où, débarrassés des Français, ils mèneront, selon leurs ambitions, la grande refonte de l’Empire. Ils ne regrettent point la paix de Bâle qui leur a procuré d’immenses bénéfices en Pologne, qui leur assure, en tout état de cause, des dédommagemens si la France garde la rive gauche du Rhin. Mais ils avaient toujours mieux aimé que la France ne gardât point cette rive ; désormais ils désirent l’en déloger.

Ils discernent les conditions et les conséquences des desseins du gouvernement français. Le Directoire, écrivait Haugwitz, dans