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sur l’Allemagne et, portant l’archiduc vers les Pays-Bas, de remettre la main sur la Belgique. Il donna son adhésion le 21 juillet. Des ordres furent envoyés, en conséquence, le 31 juillet, à l’archiduc de marcher avec 65 000 hommes vers le Bas-Rhin et d’assiéger Mayence ; à Souvorof, le 1er août, de passer en Suisse.

Souvorof ne reçut ces ordres que le 27 août, il ne se pressa pas de les exécuter. Il ne se mit en marche pour le Saint-Gothard que le 24 septembre, sans avoir étudié la carte, fixant ses étapes sur des routes qui n’existaient pas. Il emmenait 24 000 Russes. Cependant les Prussiens, voyant décidément la fortune tourner, se décident à prendre position. Frédéric-Guillaume écrit à Haugwitz, le 21 juillet : « Je partage vivement avec les cours de Pétersbourg et de Londres le désir de voir la Hollande et les pays limitrophes délivrés du joug des Français ». Il forme, sous le commandement de Brunswick, un corps d’observation vers le Bas-Rhin. « Depuis quatre ans, dit Haugwitz à Otto, successeur de Sieyès, nous réclamons inutilement contre les mesures arbitraires de votre gouvernement dans nos provinces (celles de la rive gauche) ; nous n’avons pas même obtenu une réponse. Nous avons entre le Weser et le Rhin assez de troupes pour nous remettre en possession, et je vous avoue que c’est le seul parti que nous avons à prendre. »

Le jour même où Otto mandait au Directoire ces déclarations menaçantes, la flotte anglo-russe arrivait en Hollande. Le 21 août, l’amiral anglais somma la flotte batave d’amener son pavillon ; il fit arborer les couleurs orangistes ; les marins hollandais s’insurgèrent et passèrent à l’ennemi, qui les débarqua aussitôt et amarina les vaisseaux livrés par eux. Le 18 septembre, le débarquement était opéré : 28 000 Anglais et 15 000 Russes. Brune ne pouvait leur opposer que 7 000 Français et 14 000 soldats bataves, trop disposés à suivre l’exemple des marins. Ainsi, dans cet été de 1799, la France, qui s’était fait un rempart de républiques, voyait ces républiques s’écrouler l’une après l’autre, et sentait monter autour d’elle comme une marée de peuples en révolte. Les Autrichiens touchaient aux Alpes, par le Piémont. Une défaite en Suisse, une défaite en Hollande, le Rhin était perdu et le corps de la vieille France était menacé comme en 1793, lorsque les armées républicaines, qui avaient débordé jusqu’en Hollande, jusqu’à Cologne. furent ramenées aux anciennes frontières de la monarchie.